On voit de tout en ce moment pour lutter contre la hausse des prix de l’énergie. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a posté une photo de lui en col roulé. Une manière de se réchauffer sans chauffage. Dans la foulée, la Première ministre, Elisabeth Borne, s’est affichée en doudoune. Le maire de Creil, Jean-Claude Villemain, s’est pointé cette semaine en conférence de presse avec une cagoule et des gants pour annoncer son plan de sobriété – une manière de se moquer du fameux col roulé. D’autres, à l’image de Jeanne Barseghian, la maire écologiste de Strasbourg, ont décidé de fermer les musées de la ville un jour supplémentaire par semaine afin de faire des économies. Chaque élu est à la recherche de la bonne formule. L’édile de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, répond par une question au téléphone : «Est-ce qu’il existe une solution idéale lorsque tu te prends trois millions d’euros de factures supplémentaires en pleine face ?» Le socialiste a planché sur le sujet avec ses équipes, ces derniers jours. Il doit présenter ses mesures jeudi soir lors du conseil municipal. Un chiffre : le coût de l’énergie va doubler pour la ville de Saint-Denis.
Solutions
Mathieu Hanotin refuse de fermer les services publics (musée, piscine, etc.) pour ne pas «pénaliser» les 113 000 âmes de la ville. Dans sa bouche, ça donne : «Des économies sans rupture. Et il faut ajouter la hausse des prix des produits de première nécessité. Cet hiver ne va pas être simple pour nos concitoyens et nous devrons en tenir compte.» Il devra tout de même mettre en route le chauffage un peu plus tard que prévu – après les vacances de la Toussaint – et l’arrêter un peu plus tôt que les années précédentes. Les bâtiments qui accueillent des personnes fragiles, comme les crèches, seront épargnés par la restriction. Mathieu Hanotin compte également grappiller quelques euros en coupant l’eau chaude dans les gymnases et les lumières des bâtiments publics à la tombée de la nuit.
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«Tout paraît anodin mais tout est important»
Le maire de Saint-Denis regarde aussi du côté des employés de la ville – ils sont 3 500. Il lancera dans les prochains jours une grande campagne «d’écogestes». C’est quoi ? «Nous devons changer les habitudes avec des petits gestes, c’est-à-dire prendre l’escalier au lieu de l’ascenseur quand c’est possible, éteindre les écrans d’ordinateur ou ne plus avoir de petit chauffage d’appoint dans les bureaux. Tout ça paraît anodin mais tout est important dans la période.» Mathieu Hanotin espère que la crise ne s’aggravera pas – notamment à cause de la guerre en Ukraine – dans les prochaines semaines parce qu’il sera «difficile de tenir les deux bouts». Mais pas question pour lui – comme le proposent certains élus communistes – de ne pas payer les factures. Mathieu Hanotin ne se raconte pas de fausses histoires. Il sait que son plan de sobriété ne compensera pas toutes les pertes. Il sort sa petite calculatrice : «Donc je disais que notre facture va augmenter d’un peu moins de trois millions d’euros et notre plan devrait nous permettre d’économiser environ 700 000 euros. Il nous manque deux millions.»