Le président français Emmanuel Macron effectuera une visite officielle le 15 juin au Groenland pour «renforcer la coopération» avec ce territoire autonome du Danemark convoité par Donald Trump, a annoncé ce samedi 7 juin l’Elysée.
Il s’y rendra «à l’invitation» du Premier ministre du Groenland, Jens-Frederik Nielsen, et de la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, qu’il rencontrera «conjointement», précise l’Elysée dans un communiqué.
Emmanuel Macron, qui rejoindra ensuite le sommet du G7 au Canada, sera le premier chef d’Etat étranger à s’y rendre depuis les menaces d’annexion par le président américain.
Electrochoc
Les trois dirigeants échangeront «sur la sécurité en Atlantique Nord et dans l’Arctique, ainsi que sur les sujets liés au changement climatique, à la transition énergétique et à la sécurité d’approvisionnement en minerais critiques», indique la présidence française.
Cette visite vise à «renforcer la coopération avec le Groenland dans ces domaines» et à «contribuer au renforcement de la souveraineté européenne», souligne-t-elle.
La Première ministre danoise s’est félicitée de cette prochaine visite, «un autre témoignage concret de l’unité européenne» face à une «situation de politique étrangère difficile» pour le royaume, a-t-elle relevé dans un communiqué.
Donald Trump répète à l’envi depuis son retour en janvier à la Maison Blanche vouloir prendre possession de l’immense territoire arctique, riche en ressources minières et stratégiquement situé, «d’une manière ou d’une autre».
Les pays nordiques (Finlande, Norvège, Suède, Danemark, Islande), rassemblés le 26 mai à Turku, en Finlande, pour discuter de questions de sécurité et de compétitivité économique, avaient affiché leur solidarité au Groenland et au Danemark face aux velléités d’annexion exprimées par Donald Trump. Le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, avait alors averti, à l’occasion d’une conférence de presse : «Nous ferons passer ce message partout : que ce soit à Washington, à Bruxelles, à Pékin ou ailleurs. L’Arctique est une zone réglementée. Le droit de la mer s’applique, la responsabilité des Etats côtiers s’applique, et nous soutiendrons toute communauté qui ressent une pression sur ces valeurs.»
Stratégique pour la défense américaine
Face aux visées américaines, le Danemark a annoncé qu’il allait consacrer deux milliards d’euros au renforcement de la sécurité dans l’Arctique, zone stratégique en raison de la proximité russe et américaine, et l’Atlantique Nord.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a aussi évoqué comme «une possibilité» l’envoi de troupes européennes pour assurer la sécurité dans l’Arctique, tout en relevant qu’«elle ne se pose pas» pour Copenhague dans l’immédiat.
Après leur départ de l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon, le 28 mai, deux bâtiments de la marine française ont longé le Groenland en direction du Grand Nord pour se «familiariser aux opérations en zone arctique, zone aux intérêts stratégiques grandissants», a annoncé le 3 juin le ministère des Armées.
Très stratégique pour la défense américaine, le Groenland est sur la trajectoire la plus courte pour un tir de missile vers la Russie. Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, il se trouve aussi sur le chemin de nouvelles routes maritimes très convoitées susceptibles de raccourcir le trafic commercial. Ce territoire de 2 millions de km² recouvert à 85 % de glace dispose également de vastes réserves minières, y compris de terres rares, et pétrolières inexploitées dont l’accès s’annonce toutefois compliqué.
Mise à jour à 11 h 45 avec davantage de contexte.