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Libération
Procès

Dans l’Aveyron, un élu RN convoqué par la justice pour harcèlement sexuel

Le conseiller régional d’Occitanie Bruno Leleu doit être jugé le 31 janvier dans une affaire de harcèlement moral et sexuel. En 2014, une autre femme avait porté plainte contre le même homme et affirme à «Libération» avoir subi des attouchements.
Bruno Leleu doit être jugé le 31 janvier devant le tribunal correctionnel de Rodez. (Guy Christian /Hemis. AFP)
publié le 3 décembre 2023 à 17h38

Accusé de harcèlement moral et sexuel, le conseiller régional RN d’Occitanie Bruno Leleu a été «mis en retrait» la semaine dernière par le mouvement d’extrême droite. L’homme de 51 ans était jusqu’en octobre le délégué départemental du RN en Aveyron. Il doit être jugé le 31 janvier devant le tribunal correctionnel de Rodez, a révélé la Dépêche. Selon le quotidien, il est accusé d’avoir envoyé «des messages explicites et grivois» non sollicités à une ex-employée de son entreprise, Iso d’Oc. «[Sa] mise en retrait lui permettra de préparer sa défense, dans cette affaire totalement étrangère au RN. Elle durera jusqu’au prononcé du ou des jugements», a réagi le parti lepéniste.

Contacté par Libération, Bruno Leleu ne souhaite pas commenter davantage : «Cette histoire est dans le cadre de mon activité professionnelle, rien à voir avec mes activités politiques.» Présumé innocent, il résume les faits à «de la dragouille». Auprès de France 3, il avait évoqué un «règlement de compte». Mais plusieurs anciens responsables du RN en Aveyron affirment avoir alerté à plusieurs reprises la direction du parti au sujet du comportement «inapproprié» de l’élu – «un prédateur, exécrable et sans vergogne», juge même l’un d’eux.

En 2014, une autre femme, Aude B., âgée de 36 ans à l’époque, avait porté plainte contre Bruno Leleu pour harcèlement sexuel. Elle accuse Leleu de lui avoir fait subir des attouchements dans une chambre d’hôtel qu’il avait réservée pour eux alors qu’il l’accompagnait à une formation professionnelle, à Lyon. La chambre ne disposait que d’un lit. «Je me suis sentie bloquée, je n’avais pas le permis de conduire, et je n’avais pas d’argent pour rentrer seule», dit-elle dans sa plainte, plus tard classée sans suite, et que Libération a pu consulter. Contactée, elle affirme avoir été ciblée à l’époque parce que «fragile» : «Il m’avait promis un stage. Je n’avais pas de ressources, j’étais au RSA, avec deux enfants à charge. Ce type-là est au-delà du vicieux. Je n’ai pas de mots, il est répugnant.» Plusieurs sources affirment à Libération qu’en 2014, le secrétaire national aux fédérations du FN Jean-Lin Lacapelle avait été mis au courant de cette affaire. Ce qu’il n’a pas confirmé à Libération. Contacté au sujet de cette plainte, Bruno Leleu n’a pas non plus souhaité faire de commentaires.