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Dans le Tarn, un maire veut «ficher» les chiens pour verbaliser leurs maîtres

Prenant exemple sur Robert Ménard à Béziers, le divers droite Olivier Fabre veut prélever à Mazamet l’ADN canin pour sanctionner les crottes laissées sur les trottoirs de Mazamet, qu’il dirige depuis 2014.
Dans l’Hérault, Robert Ménard est le premier maire à expérimenter, depuis la rentrée, la verbalisation des crottes de chiens en France. (Jean-Luc & Françoise Ziegler/Biosphoto. AFP)
par Stéphane Thépot, correspondant à Toulouse
publié le 15 décembre 2023 à 8h15

Après sa décision polémique sur les cantines scolaires, Olivier Fabre a trouvé une autre idée lumineuse dans sa commune pour tenter de sortir de l’anonymat. Le maire de Mazamet, étiqueté «divers droite», demande aux 10 000 habitants de la petite ville tarnaise de se prononcer pour ou contre… le fichage ADN des chiens. Son objectif : «responsabiliser et sanctionner les maîtres défaillants», selon le site Internet de la commune. Chacun peut d’ores et déjà répondre en ligne au «sondage» proposé par la ville. Le questionnaire papier va être envoyé aux administrés les plus âgés qui ne sont pas familiers de l’ordinateur, précise le maire, interrogé par Libération. «Les premiers retours sont positifs à 90 %, y compris chez les propriétaires de chiens», se félicite Olivier Fabre.

Le maire de Mazamet suit en fait son lointain voisin de Béziers à la trace. Dans l’Hérault, Robert Ménard est le premier maire à expérimenter, depuis la rentrée, la verbalisation des crottes de chiens en France. «Il ne s’agit pas vraiment d’une amende, mais d’une facturation des frais de nettoyage», précise Olivier Fabre. L’argumentation semble sortir tout droit du laboratoire privé qui vend ses enquêtes génétiques clé en main aux collectivités. A Béziers, la justice administrative avait censuré à la demande du sous-préfet de l’Hérault une première tentative de verbaliser les crottes de chiens via leur l’ADN en 2016. Prudent, le maire de Mazamet promet de prendre en charge le coût du fichage sur le budget communal. Mais les propriétaires récalcitrants qui ne pourront pas présenter la carte ADN obligatoire de leur toutou aux agents de la police municipale s’exposeront à une amende de 40 euros.

Selon une technique de communication bien rodée, Olivier Fabre a commencé par tâter le terrain sur sa page Facebook en novembre. Sa proposition pour lutter contre les déjections canines a suscité plus de 100 commentaires. Elle lui a aussitôt valu une invitation aux Grandes Gueules de RMC pour développer son idée. Le maire de Mazamet connaît bien le filon : fondateur de 100 %, une station FM qui s’est développée sur toute la région Occitanie depuis le sud du Tarn, Olivier Fabre n’a lâché le micro qu’en 2014, pour se lancer à l’assaut de la mairie de Mazamet. Elu sans étiquette à l’époque mais avec le soutien des centristes de l’UDI avec près de 40 % des voix dans une quadrangulaire face au maire sortant (divers droite), une liste du Parti socialiste et une autre du Rassemblement national. Dans une ville où François Fillon (24 %) et Marine Le Pen (23 %) avaient devancé Emmanuel Macron (19 %) en 2017, le maire de Mazamet a, lui, facilement été réélu en 2020. Il avait obtenu 100 % des suffrages exprimés. Sans aucun opposant.

Ouvertement candidat à un troisième mandat, Olivier Fabre semble toutefois à l’étroit dans sa commune. Après avoir échoué à se faire élire au département, puis à la région sur une liste macroniste, le maire de Mazamet ne cache pas à Libération son envie de réaliser une OPA sur la présidence de la communauté de communes de Castres-Mazamet. Sans s’interdire de se présenter à un mandat national en ratissant large, depuis les ruines libérales du macronisme jusqu’à la «droite populaire» et sans exclure le RN que Fabre ne classe plus à l’extrême droite, mais parmi la «droite hors les murs». Comme Robert Ménard à Béziers.