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Libération
Réactions

De la gauche à l’extrême droite, les politiques critiquent les comparaisons entre pass sanitaire et Shoah

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Depuis les manifestations de samedi contre la vaccination obligatoire et le pass sanitaire, de nombreux responsables politiques de tous bords sont montés au créneau pour dénoncer certaines pancartes ou l’utilisation d’étoiles jaunes.
Un homme portant une étoile jaune lors d'une manifestation contre le vaccin et le pass sanitaire, samedi à Toulouse. (Frederic Scheiber /Hans Lucas via AFP)
publié le 19 juillet 2021 à 20h54

«Un musée des horreurs», «une honte», «choquant»… Depuis samedi, les politiques, du PCF jusqu’au RN, en passant par La République en marche, n’ont pas de mots assez durs pour critiquer certaines banderoles brandies lors des manifestations contre le pass sanitaire et la vaccination obligatoire.

Parmi les 110 000 personnes qui manifestaient contre la prétendue «dictature sanitaire» mise en place par Emmanuel Macron, certains n’ont pas hésité à arborer des «étoiles jaunes», symboles de la persécution des Juifs et des crimes nazis, ou à comparer l’extension du pass sanitaire à la Shoah, qui, on le rappelle, a vu mourir 6 millions de Juifs. «Non au pass nazitaire», «fausse pandémie, vraie dictature», «pays de Pasteur, pas de passepeur» ou «je ne suis pas un QR code», pouvait-on lire sur des pancartes.

De quoi faire réagir le gouvernement. «C’est monstrueux et on doit avoir, a fortiori quand on est responsable politique, […] le sens des responsabilités, le sens de l’Histoire», a estimé le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, sur BFMTV ce lundi.

Quant au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, il a déploré «une confusion des mémoires révoltante», qui le «dégoûte». «Certains font des comparaisons absolument abjectes», a de son côté regretté le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, mettant en avant «des mesures nécessaires pour protéger les Français».

Depuis le 12 juillet et les annonces d’Emmanuel Macron, les ministres sont à la manœuvre pour convaincre les Français encore récalcitrants de se faire vacciner, face aux antivax qualifiés de «frange capricieuse et défaitiste, très minoritaire, qui se satisferait bien de rester dans le chaos et l’inactivité» par le même Gabriel Attal dans le Parisien.

«Les larmes me sont venues»

Surtout, au cœur des nombreuses réactions politiques, une vidéo est devenue particulièrement virale. Durant un peu moins d’une minute, on y voit Joseph Szwarc, un rescapé de 94 ans de la rafle du Vél-d’Hiv, exprimer son dégoût à la suite des parallèles faits par certains antivax durant les manifestations du week-end. «Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point j’ai été touché», a-t-il expliqué dimanche lors des commémorations à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites, en montrant un dessin d’une étoile jaune avec comme inscription «sans vaccin» utilisé la veille par des manifestants. «Les larmes me sont venues, je l’ai portée, l’étoile, moi, je sais ce que c’est, je l’ai dans ma chair encore», a-t-il poursuivi.

Une vidéo largement partagée notamment par des élus. «Colère et indignation de monsieur Szwarc, 94 ans, rescapé de la rafle du Vél-d’Hiv. Pour rappeler à tous que les amalgames ignobles récents sont insupportables et une honte pour notre république. Je les condamne fermement», a tweeté la ministre déléguée chargée de la Mémoire, Geneviève Darrieussecq. «Rien, jamais, ne sera comparable à la Shoah, à l’étoile jaune ou à Auschwitz ! Immense gratitude à Joseph Szwarc, […] qui rappelle avec émotion cette réalité éternelle», écrit de son côté le président LR de la région Paca, Renaud Muselier.

A gauche, bien qu’opposé aux mesures annoncées par Emmanuel Macron qui prévoient l’extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoires pour de nombreuses professions au contact du public, le président des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a lui aussi condamné tout parallèle entre restriction sanitaire et le régime nazi : «Non, le vaccin librement consenti n’est pas un apartheid et sa diffusion, ce n’est pas la Shoah», a-t-il affirmé. De son côté, le porte-parole du PCF, Ian Brossat, a qualifié les manifestations de «musée des horreurs à ciel ouvert». «A bas l’obscurantisme. Vive le vaccin», s’est-il exclamé sur son compte Twitter.

De leur côté, les responsables politiques en tête de cortège samedi ont, eux aussi, dû dénoncer les pancartes honteuses aperçues dans les différentes manifestations. Tout en minimisant leur nombre : «Il y a eu quelques cas ridicules, choquants, inacceptables d’étoiles jaunes, sur des centaines de milliers» de manifestants, a relativisé sur Sud Radio le candidat à la présidentielle de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan. «Evidemment vous en trouverez qui font des points Godwin, qui comparent, et c’est indigne, faut pas le faire», a aussi condamné Florian Philippot, président du parti Les Patriotes, à l’origine du regroupement, jurant toutefois que «ce n’est pas représentatif» des manifestants.