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Enquête

De la tête d’Atos à l’exécutif européen : Thierry Breton, enquête sur un commissaire mystère

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Fidèle de Bernard Arnault, proche d’Emmanuel Macron, rival d’Ursula von der Leyen… Le commissaire européen bouscule les codes de Bruxelles et défie les géants du numérique. Il se retrouve fragilisé par le fiasco d’Atos, ex-fleuron de l’informatique qu’il a longtemps dirigé.
Thierry Breton, 70 ans, est commissaire européen au marché intérieur depuis 2019. A Paris, le 1er mars. (Edouard Caupeil/Pasco pour Libération)
publié le 7 avril 2024 à 20h54

Pourquoi faire dans la dentelle ? Thierry Breton est réputé pour ses sorties dont s’amusent, mi bluffés-mi agacés, les cercles de pouvoir, entre Bruxelles et Paris. A l’Elysée, elles sont même devenues un running gag sur le thème : «Tu connais la dernière de Breton ?» Le commissaire européen, 70 ans, ex-ministre de l’Economie sous Jacques Chirac, est toujours au taquet, mèche argent, débit survolté, sur toutes les ondes, sur tous les fronts : réindustrialisation du continent, création d’une politique de défense commune, régulation du numérique et de l’intelligence artificielle… A l’entendre, tout sur ses épaules. Il semble omniprésent, omniscient, fabuleux Zelig du XXIe siècle, passionné d’Afrique et d’Asie, ami de Bill Gates et de Bernard Arnault, expert en cloud et en physique quantique…

Génie visionnaire ou roi de la com ? Thierry Breton est une énigme même pour ceux qui le connaissent, tous ces proches rencontrés, ses compagnons de route dans le business, la politique, ses vieux amis, les François, Baroin, Bayrou, Alain Minc, ses complices passés à Bruxelles, Jean-Claude Juncker, ex-président de la Commission européenne, Peter Altmaïer, ministre de l’économie sous Angela Merkel, Michel Barnier, et les nouveaux macroniens, sans compter ceux qui l’ont côtoyé chez Atos. Breton a dirigé jusqu’en 2019 ce fleuron informatique aux activités stratégiques, aujourd’hui à terre, criblé de dettes, au point que des députés appellent à le nationaliser. «Zero responsibility»,