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Libération
Le billet de Thomas Legrand

Débattre sur «l’identité», une vaine lubie française

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Plutôt que de débattre de la société qu’elle veut, de l’Europe qu’il faut construire, du monde qui l’entoure, la France va se regarder le nombril pour savoir qui elle est et qui elle ne veut pas accueillir.
Vouloir s’interroger non plus sur l’identité de la France, mais l’identité française, comme le font toutes les extrêmes droites successives, antirépublicaines, collaborationnistes ou aujourd’hui populistes, ne peut aboutir qu’à se poser des questions ethniques, religieuses, raciales, communautaristes. (Denis Allard/Libération)
publié le 9 février 2025 à 16h53

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En 2009, François Bayrou avait été d’une sévérité et d’une pertinence singulières dans le champ de la droite et du centre, avec son livre Abus de pouvoir (éd. Plon). Le centriste dézinguait Nicolas Sarkozy en ces termes : «Le président de la République a un plan. Il conduit la France là où elle a toujours refusé d’aller. L’abandon du modèle républicain.» Le démocrate-chrétien n’avait pas supporté que Sarkozy, en 2007, fasse campagne en mêlant les thèmes de l’immigration et de l’identité.

Bayrou avait été scandalisé qu’une fois élu, Sarkozy institutionnalise cet oxymore conceptuel dans le ministère intitulé «de l’immigration et de l’identité». La République est un système de valeur basé sur la philosophie des Lumières, l’émancipation individuelle dans le cadre d’une nation dont la Déclaration des droits de l’homme établie au moment de la Révolution est au préambule de la Constitution depuis 1946. La République, voilà l’identité de la France. Vouloir s’interroger non plus sur l’identité de la France, mais l’identité française, comme le font toutes les extrêmes droites suc