Aura-t-on droit au grand soir du XVIe arrondissement, mardi 21 octobre au petit matin ? Des foules en colère agitant leurs carrés Hermès et leurs Rolex, du Vianney à pleine balle dans les amplis, des street-vendeurs de homard ? Les pantalons framboise remplaçant les gilets jaunes ? Il faudra voir si l’appel de Louis Sarkozy à un rassemblement en soutien à son père, le jour de son incarcération à la prison de la Santé, parviendra à soulever les masses prêtes à en découdre pour l’honneur de leur champion, condamné à cinq ans de prison ferme pour «association de malfaiteurs» dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007.
«La vie c’est une succession de renaissances»
L’héritier fan de Napoléon, ultraprésent dans les médias ces derniers mois et en pleine campagne municipale à Menton (Alpes-Maritimes) où il s’est parachuté pour acquérir une stature politique, a donné rendez-vous sur X aux soutiens de son père à l’angle de la rue Pierre-Guérin et de la rue de la Source, dans le très huppé et ronronnant quartier d’Auteuil et tout près de la villa Montmorency, un quartier fermé où vit Nicolas Sarkozy.
Sur le réseau social, l’appel s’accompagne d’un montage vidéo à la gloire du paternel. Sur un défilé d’images (dont une montrant le petit Nicolas au ski) et une musique d’ascenseur, on y entend l’ancien président déclamer une succession de platitudes grandiloquentes à faire pâlir les sachets de thé Kusmi Tea : «Rien, jamais, ne m’a fait renoncer à tout tenter, tout essayer» ; «Chaque fois, j’ai répondu présent, et chaque fois, on a trouvé une solution» ; «On n’apprend rien de ses succès, on apprend tout de ses échecs» ; «Ce que j’ai rêvé, j’ai pu le construire, parce que la vie c’est une succession de renaissances, rien n’est jamais terminé. On renaît jusqu’au bout, jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la dernière seconde. C’est ça qui est important.»
«La traduction d’une vague d’émotion»
Le mot de la fin, le plus important, s’affiche sur fond noir : «La fin de l’histoire n’est pas écrite.» En effet, la prison n’est pas le bout du chemin pour Nicolas Sarkozy, qui restera administrateur des groupes Lagardère, Accor et LOV pendant le temps qu’il passera derrière les barreaux – rares sont les prisonniers qui bénéficient de ce genre de privilèges.
Cet appel serait «la traduction d’une vague d’émotion que nous voyons depuis le 25 septembre sur les réseaux sociaux face à cette décision inouïe d’envoyer Nicolas Sarkozy en prison», a développé l’entourage de l’ancien chef de l’Etat auprès de BFMTV : «Les fils de Nicolas Sarkozy réagissent avec leur cœur et ne font que porter la voix de tous ces soutiens anonymes qui veulent témoigner à Nicolas Sarkozy affection et soutien.» Reste désormais à savoir si l’appel mobilisera dans la rue les fidèles de l’ancien président avec autant de force que sur les plateaux télé.