Après plusieurs jours de suspense, de rumeurs, de ballons d’essais, Emmanuel Macron a finalement décidé ce lundi 8 janvier de se séparer de sa Première ministre Elisabeth Borne. Dans un message publié sur X (ex-Twitter), le chef d’Etat a salué «[son] travail au service de notre Nation [qui] a été chaque jour exemplaire». «Vous avez mis en œuvre notre projet avec le courage, l’engagement et la détermination des femmes d’État. De tout cœur, merci», écrit-il. Arrivée à Matignon le 16 mai 2022, elle sera restée Première ministre 1 an, 7 mois et 23 jours.
Analyse
Dans la foulée de l’annonce présidentielle, les macronistes n’ont pas manqué de rendre hommage sur les réseaux sociaux à celle qui avait aussi exercé le poste de ministre du Travail. «Durant vingt mois comme Première ministre, Elisabeth Borne a mené une politique ambitieuse et courageuse de transformation de notre pays : réforme des retraites, lancement de MaPrimeAdapt’et baisse de nos émissions de gaz à effet de serre, mesures fortes en faveur du pouvoir d’achat des Français et pour l’emploi…», écrit le parti présidentiel Renaissance.
Sans toutefois mentionner l’adoption dans la douleur du projet de loi immigration en décembre dernier. «J’ai été impressionné par sa combativité lors de la négociation sur le texte immigration avant les vacances. Bravo et merci Madame la Première Ministre», loue, de son côté, le député de Paris Benjamin Haddad. «Je suis très fier d’avoir servi notre pays au sein de votre gouvernement», affirme le ministre des Transports Clément Beaune qui pourrait aussi être débarqué dans les prochains jours.
«Adieu, sans remord»
Côté opposition, la droite salue les qualités de l’ancienne locataire de Matignon, qui a mené à bien l’adoption de la funeste loi immigration extrêmement droitisée. «Malgré nos différences importantes, j’ai apprécié la rigueur et l’honnêteté intellectuelle d’Elisabeth Borne», loue le patron du parti Les Républicains, Eric Ciotti. Et celui-ci d’ajouter : «Dans bien des circonstances, elle a eu le courage que d’autres n’ont pas eu. Elle fut pour moi une interlocutrice de qualité».
A l’extrême droite, on fait plutôt remarquer les 23 recours à l’article 49.3 de la Première ministre pendant ses vingt mois à Matignon. «Donc Elisabeth Borne ne dépassera pas le record de 49.3. Elle était pourtant bien partie», pour faire pire que les 28 déclenchés par Michel Rocard entre 1988 et 1991, persifle sur X le vice-Président RN de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu.
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A gauche, on égratigne le bilan de cette Première ministre venue de la gauche ayant porté la réforme des retraites et le projet de loi immigration. «Trahir tous ses principes et finir virée dans l’indifférence générale. Borne venait de la gauche et restera dans l’histoire pour avoir repris la préférence nationale et imposé la réforme des retraites. Adieu, sans remord», grince le sénateur communiste Ian Brossat. Les insoumis, eux, sont déjà montés au créneaux pour demander au nouveau Premier ministre - qui n’a pas encore été nommé - de se plier à un vote de confiance du Parlement. Ce que Borne avait refusé de faire. «Sommes-nous encore une démocratie parlementaire ? Le nouveau premier ministre va nous le montrer s’il demande un vote de confiance à l’Assemblée nationale. On saura alors qui est gouvernemental. Sinon motion de censure et on saura qui est l’opposition. C’est comme ça dans toutes les démocraties», affirme Jean-Luc Mélenchon.
«Bienvenue à Elisabeth Borne parmi les parlementaires. Elle pourra constater toute la brutalité du passage en force permanent et l’humiliation constante de l’Assemblée nationale qu’elle lègue à son successeur à Matignon», pointe avec ironie le député écologiste Benjamin Lucas. Elue députée du Calvados en juin 2022, Elisabeth Borne peut, si elle le souhaite, retrouver son siège au Palais Bourbon dans les prochaines semaines.
Mise à jour : à 21h29, avec l’ajout de la déclaration d’Eric Ciotti.