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Possible remaniement : Elisabeth Borne a quitté l’Elysée

Le chef de l’Etat continue sa revue d’effectif pour tourner la page de la crise politique consécutive au vote de la loi immigration et tenter de relancer son second quinquennat. Alors que différents scénarios restent ouverts, la Première Ministre s’est rendue ce lundi après-midi à l’Elysée.
Elisabeth Borne et Emmanuel Macron, aux Invalides, à Paris, vendredi. (Stephanie Lecocq/REUTERS)
publié le 7 janvier 2024 à 15h44
(mis à jour le 8 janvier 2024 à 15h08)

Toujours pas de fumée blanche. Après des jours à consulter sur la recomposition du gouvernement, Emmanuel Macron joue les prolongations pour désigner sa nouvelle équipe gouvernementale. Deux candidats semblent toutefois tenir la corde ce dimanche 7 janvier pour le poste de Premier ministre : Julien Denormandie et Sébastien Lecornu. Sans oublier un éventuel maintien d’Elisabeth Borne. «Tout est possible… y compris rien», résume auprès de l’AFP un proche du chef de l’Etat. La réponse pourrait intervenir dans les heures qui viennent car Elisabeth Borne s’est rendue à l’Elysée ce lundi en début d’après-midi.

Dimanche soir, le Président a reçu la cheffe du gouvernement vers 19 h 30 pour évoquer, selon son entourage, les inondations dans le Pas-de-Calais et la vague de froid qui devrait frapper la France ce début de semaine. Une heure d’entretien dont le contenu n’a pas filtré. La Première ministre est attendue mardi dans le Pas-de-Calais, au chevet des sinistrés.

Le duel annoncé entre Denormandie et Lecornu ravive la querelle de longue date entre les anciens macronistes, dont Julien Denormandie fait partie, et les «modernes» comme Sébastien Lecornu, ralliés issus de la droite. Le premier, 43 ans, navigue depuis une décennie dans le sillage d’Emmanuel Macron, avec qui il avait failli monter une start-up en 2014, avant d’embarquer pour Bercy comme directeur de cabinet adjoint de celui qui fut alors ministre de l’Economie. Ingénieur d’En marche, le vaisseau amiral de la campagne présidentielle de 2017, Julien Denormandie a ensuite dirigé le ministère du Logement, puis de l’Agriculture, avant de se réorienter en 2022 dans le privé. Tout en confiant à des visiteurs qu’il ne pourrait refuser Matignon, si l’occasion se présentait.

De son côté, Sébastien Lecornu a su tisser sa toile en macronie, après avoir rejoint Macron en 2017, en provenance des Républicains (LR), comme deux autres anciens Premiers ministres, Edouard Philippe et Jean Castex. Ministre des Armées à seulement 37 ans, après avoir officié aux Outre-mer et aux Collectivités ainsi qu’à l’Ecologie sous Nicolas Hulot au début du premier quinquennat, Lecornu s’est imposé comme l’un des conseillers politiques du chef de l’Etat, fort de plusieurs mandats électifs (maire de Vernon, président du conseil départemental de l’Eure, sénateur…). Un profil davantage politique, à l’heure où il faut composer avec une majorité relative à l’Assemblée et un Sénat, dominé par la droite, requinqué par le vote de loi immigration fin décembre qui reprend une grande majorité de ses propositions.

Durant ce week-end de rumeurs tous azimuts, une autre piste a fait long feu, celle de Richard Ferrand. Ce macroniste historique, ex-président de l’Assemblée nationale, a mis un terme lui-même aux rumeurs l’envoyant à Matignon. «Le président de la République savait que je ne souhaitais pas revenir en politique à bref délai après ma défaite aux législatives, ce que je lui ai confirmé», a expliqué l’ancien socialiste à BFMTV.

«Solidarité gouvernementale»

Reste donc l’hypothèse du maintien d’Elisabeth Borne. Si l’actuelle Première ministre avait sauvé sa tête in extremis en juillet face à la poussée d’un Gérald Darmanin qui poussait pour prendre Matignon, la cheffe du gouvernement a réussi à faire passer aux forceps la loi immigration en fin d’année, alors qu’elle avait été mal emmanchée par le ministre de l’Intérieur.

«Elisabeth Borne est une Première ministre très courageuse. Elle est au travail, et tous les ministres la soutiennent au nom de la solidarité gouvernementale», a d’ailleurs abondé ce dimanche sur Europe1 /CNews Olivier Dussopt, le ministre du Travail. Sur un siège éjectable, ce dernier a ensuite bien pris soin de rappeler ses états de service, ayant notamment fait passer les réformes de l’assurance-chômage et des retraites. Le sort de cet ancien socialiste est toutefois suspendu à une décision de justice, le 17 janvier, dans son procès pour favoritisme.

Egalement de sortie dominicale, lui sur France 3, Bruno Le Maire a défendu son strapontin de ministre de l’Economie, en décrivant un réveillon studieux : «Moi je bosse, je lis les décisions budgétaires, la question des prix.» Prétendant «ne rien savoir» d’un éventuel remaniement, Le Maire s’est dit «fier et heureux des fonctions [qu’il] occupe à Bercy».

En attendant de compléter son casting, Emmanuel Macron a déjà remanié à l’intérieur de l’Elysée. Et il peut déjà compter sur la plume qui mettra ces changements en musique : comme l’avait révélé Libération fin décembre, Jonathan Guémas redevient conseiller en communication du Président. Dans le Point, celui qui avait exercé cette fonction lors du premier quinquennat, avant de partir dans le privé chez Publicis, annonce son retour à compter du mardi 9 janvier. Il remplacera le conseiller spécial «communication et stratégie», Frédéric Michel, qui avait quitté le navire présidentiel le 14 décembre, en plein psychodrame autour du projet de loi sur l’immigration.

La présidence a aussi entériné l’arrivée d’un nouveau directeur de cabinet, publiée au Journal officiel vendredi : Patrice Faure, ancien préfet puis Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, pour succéder à Patrick Strzoda, l’un des derniers membres du cercle des fidèles élyséens à l’accompagner depuis 2017.

Mise à jour 11h10 : Ajout de la réception de Borne dimanche soir à l’Elysée.

Mise à jour 15h10 : Ajout de l ‘arrivée de Borne lundi après-midi à l’Elysée.