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Derrière la motion de censure LR, les ambitions d’Eric Ciotti

Agitée ces dernières semaines, la menace d’une motion de censure par LR paraît s’éloigner. Certains soupçonnent le président de Les Républicains de faire passer ses ambitions personnelles avant les intérêts de son camp.
Eric Ciotti, au commissariat d'Oullins-Pierre-Bénite, le 27 mars. (Bruno Amsellem/Libération)
publié le 22 avril 2024 à 12h50

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En pleines vacances parlementaires, le serpent de mer de la motion de censure semble un peu délaissé. Durant cette pause printanière, l’idée de voir LR déposer une motion de censure, qui circulait depuis quelques semaines, semble s’éloigner. La raison est simple : les hommes mentent mais pas les chiffres. «Je n’y crois pas d’un point de vue mathématique, note ainsi un ministre. Rien que pour le dépôt, il faut que tout le groupe le veuille et je ne suis pas convaincu que les LR “constructifs” soient sur cette longueur d’onde.»

Pour être déposée, une motion de censure doit être signée par un dixième des membres de l’Assemblée, soit aujourd’hui 58 députés. Or le groupe LR compte 61 élus. La marge de manœuvre est étroite mais le seuil pourrait être atteint avec l’appui de députés Liot.

«Le point de bascule, c’est le positionnement des LR dont le siège n’est pas garanti. Ceux qui ont arraché leur siège à peu de voix ne vont pas prendre le risque», ajoute notre ministre, estimant que l’adoption d’une motion de censure entraînerait de facto une dissolution, ce qui est loin d’être assuré.

Certains traînent des pieds à droite et l’on perçoit, depuis des jours, un petit air, celui qui sonne comme une volonté de renoncement. Un élu LR n’a pas compris pourquoi son camp avait dégainé la menace d’une motion pour, ensuite, rétropédaler aussi vite, «nous faisant, au passage, passer pour des cons»… Le même en veut à Eric Ciotti, parti bille en tête avec cette idée. «Je sens chez certains une urgence à réussir, par exemple à devenir ministre. Mais ça ne me semble pas du tout être l’état d’esprit d’Olivier Marleix», patron du groupe à l’Assemblée nationale, lance ce député de façon tout à fait sibylline.

Notre ministre cité plus haut avance également les ambitions du président de LR comme une tentative d’explication : «On entend dire que, si on lui proposait Beauvau, il dirait oui.» Si ça se trouve, l’avenir de l’Assemblée se joue sur l’ambition ministérielle de Ciotti. Quelle vie.