Il y a ces cadres de plusieurs des groupuscules racistes qui parsèment le territoire ; la femme d’un maire proche du milliardaire identitaire Pierre-Edouard Stérin ; la famille d’un ancien soldat de la Waffen SS ; mais aussi des artisans de la campagne 2022 d’Eric Zemmour, les filles d’un important prestataire du Rassemblement national et un conseiller régional du même parti, relais de Marine Le Pen dans les Hauts-de-France. Leur point commun : «Europe Jeunesse», deux mots lourdement chargés à l’extrême droite. C’est le nom d’une organisation de jeunesse telle que la France n’en avait pas connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dans laquelle ils ont tous fait leurs classes.
Europe Jeunesse est une organisation qui se réclame du «scoutisme», mais sans lien avec l’Etat ou les grandes associations du secteur. Elle a été fondée en 1973 par des membres du mouvement racialiste Grece (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne), avant qu’une association se déclarant spécifiquement «scoute» ne soit montée en 1975. Celle-ci ambitionne de former les futurs cadres de l’extrême droite française et de semer des graines aux quatre coins de la mouvance. Un objectif rempli, selon des documents internes que Libé a pu consulter en exclusivité.
Enquêter sur ce mouvement, c’est faire face au manque de sources sur le sujet, et à une certaine omerta parmi ses responsables et leurs anciens pupilles. De rares photos des jeunes gens sont disponibles sur In