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Libération
Reportage

Des «cadeaux» pour les maires ? Les déontologues locaux veillent au grain

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A Nice, une déontologue s’emploie à répondre aux interrogations des élus locaux sur ce qui est autorisé ou non par la loi. Dans cette ville où se multiplient pourtant les affaires de prise illégale d’intérêts, un «comité d’éthique» existe depuis 2014.
Les élus ont la liberté de ne pas suivre les recommandations du référent déontologue. (OceanProd/Getty Images)
par Mathilde Frénois, correspondante à Nice
publié le 19 avril 2025 à 9h22

Monsieur le maire fait l’objet d’une charmante attention. Il reçoit une bouteille de champagne. «Est-ce que je peux l’accepter ?» C’est la question qui est arrivée sur le bureau de la déontologue Elise Untermaier-Kerléo. Les élus locaux, tel ce maire anonyme et sa bisbille de bulles, disposent désormais du droit de consulter un déontologue pendant le mandat. Une obligation inscrite dans la loi depuis le 1er juin 2023. Ce nouveau référent «neutre, indépendant, impartial» apporte une réponse à ces dilemmes d’éthique et ces efforts de transparence de la vie publique. A un moment où le politique est en perte de confiance.

Pour la bouteille de champagne, c’est non. Le maire ne fera jamais sauter le bouchon en l’air : un cadeau ne doit pas être accepté, sauf s’il est protocolaire. Parfois les zones sont grises, donnant davantage de grain à moudre aux déontologues : Un élu peut-il prétendre à un logement social ? Vendre un terrain à la collectivité ? Voter une subvention pour le club de foot qu’il préside ? Assister à un concert sur invitation, en loge avec le préfet ? «La très grande majorité des saisines porte sur des préventions de conflit d’intérêts, rapporte Elise Untermaier-Kerléo, également maîtresse de conférence en droit public. Il y a une prise de conscience depuis plusieurs années. On est dans une