La rencontre LFI-Sarkozy n’a pas eu lieu. L’administration pénitentiaire a dit lundi 27 octobre avoir refusé à deux députés insoumis leur demande de rencontre avec Nicolas Sarkozy dans le cadre de leur visite de la prison de la Santé, le matin même, a appris l’AFP de source pénitentiaire. Dans le cadre de ce déplacement «en compagnie de trois journalistes» - une démarche tout à fait fréquente, en vertu du droit parlementaire des députés à entrer dans des établissements pénitentiaires -, les deux parlementaires ont, selon une information initiale du JDD, «exigé de pouvoir visiter le quartier d’isolement, de rencontrer Nicolas Sarkozy et de pouvoir échanger avec les deux policiers» chargés de la protection de l’ancien chef de l’Etat en détention.
Une mise en cause démentie lundi soir par Ugo Bernalicis, qui met en avant sa visite de «40 établissements différents» depuis son élection en 2017 : «Nous n’avons jamais demandé à rencontrer Nicolas Sarkozy. Mais nous assumons d’aller à la maison d’arrêt quand il s’y trouve. Nous avons fait une visite de détention classique. Si on peut s’intéresser aux conditions de détention grâce à l’actualité de Nicolas Sarkozy, c’est tant mieux.» Dans un post sur X, l’élu du Nord a indiqué avoir demandé à visiter «le quartier isolement, comme le quartier disciplinaire, comme le quartier vulnérables, comme le quartier arrivants, comme la détention classique… Si nous avions souhaité rencontrer Nicolas Sarkozy, nous lui aurions demandé directement.»
Le tribunal administratif saisi
Selon la source pénitentiaire contactée par l’AFP, «le directeur de l’établissement a rappelé» aux deux députés qu’une visite parlementaire visait «à contrôler le fonctionnement global d’un établissement pénitentiaire et ne peut être utilisée pour s’entretenir de manière spécifique avec un détenu», selon cette source. La visite des deux députés «a pu avoir lieu au sein de l’établissement, sans que les deux parlementaires n’aient accès à Nicolas Sarkozy ou aux fonctionnaires de police chargés de sa protection», a poursuivi la source.
Affaires
Dans un communiqué, le groupe LFI à l’Assemblée nationale a confirmé que leurs deux élus s’étaient bien rendus lundi matin dans la prison parisienne et qu’ils «ont vu leur droit de visite illégalement restreint». «Ils n’ont pas pu accéder au quartier d’isolement munis de leur téléphone et accompagnés de leurs attachés parlementaires ainsi que de trois journalistes», ajoute cette même source, sans mentionner explicitement Nicolas Sarkozy. «Le tribunal administratif de Paris a été saisi sur ce point en référé. L’audience aura lieu ce mardi 28 octobre à 14 heures», précise le groupe parlementaire de La France insoumise.
«Tourisme pénitentiaire»
Condamné le 25 septembre à cinq ans d’emprisonnement dans le dossier libyen pour association de malfaiteurs, Nicolas Sarkozy a été incarcéré le 21 octobre à la prison parisienne de la Santé. Cette détention d’un ancien président est une première dans l’histoire de la République. Nicolas Sarkozy bénéficie en prison de la protection de deux officiers de sécurité, une mesure exceptionnelle prise «eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui», a expliqué le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.
Contrairement à Ugo Bernalicis et Danièle Obono, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, ira bien rendre visite à l’ancien président, pour «s’assurer que les conditions de sécurité sont bonnes pour ce détenu au statut hors du commun», a confirmé l’entourage du garde des Sceaux. Ce dernier en avait fait l’annonce lundi 20 octobre, la veille de son incarcération, suscitant l’ire du procureur général près de la Cour de cassation, qui y avait vu un «risque d’atteinte à l’indépendance des magistrats». L’entourage de Gérald Darmanin a rejeté toute comparaison avec la démarche des deux députés LFI qui relève, selon lui, du «tourisme pénitentiaire».
Mise à jour à 16h12 avec le démenti d’Ugo Bernalicis