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Libération
Colère agricole

Deux permanences de députés murées par les Jeunes agriculteurs et la FNSEA dans l’Eure

Les bureaux des élus normands, Katiana Levavasseur (RN) et Philippe Brun (PS), ont été murés, vendredi 20 décembre, pour protester contre leur vote en faveur de la censure du gouvernement Barnier.
La permanence de Katiana Levavasseur, emmurée par les agriculteurs, au Neubourg, le 20 décembre 2024 . (Photo FNSEA 27)
publié le 23 décembre 2024 à 14h58

Ils ne digèrent pas la chute de Michel Barnier. Des membres de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs de l’Eure ont muré les permanences des députés Katiana Levavasseur (RN) et Philippe Brun (PS), vendredi 20 décembre. Les deux syndicats avaient invité l’ensemble des députés du département à venir s’expliquer, lundi 9 décembre, sur leur vote de la motion de censure. Selon eux, la destitution du précédent gouvernement repousse la mise en place des mesures prises après la mobilisation de l’hiver 2024. Le budget 2025 et le projet de loi de financement de la sécurité sociale ont été abandonnés après la censure, le 4 décembre. Ils prévoyaient des allègements du coût du travail saisonnier ou l’annulation de la hausse de la fiscalité sur le gazole agricole.

«Ce vote, et la démission du gouvernement, plonge la profession agricole dans la pénombre et remet en question tous les engagements qui avaient été pris pour venir en aide aux agriculteurs en difficulté», ont justifié les Jeunes agriculteurs de l’Eure sur les réseaux sociaux. Si trois des cinq représentants eurois à l’Assemblée nationale avaient répondu présent à cet appel, les deux autres n’avaient pas donné suite à la convocation. Ils ont donc été sanctionnés par les agriculteurs, murant l’entrée de leurs permanences et y déposant du foin. «Les absents ont toujours tort», a ensuite écrit la FNSEA de l’Eure, sur X.

Plus d’une trentaine de permanences visées après la censure

Préférant organiser cette rencontre avant de mener une telle opération, les syndicats agricoles de l’Eure ont été plus patients que certains de leurs camarades ailleurs en France. Le 11 décembre dernier, sept jours après la censure, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avait condamné «fermement» la succession d’actions ayant concerné, selon elle, plus de 30 députés en une semaine. «La détresse et les inquiétudes, aussi légitimes qu’elles soient, ne sauraient s’exprimer par l’intimidation à l’endroit de représentants démocratiquement élus», avait-elle déclaré dans un communiqué.

Permanences murées, peinturlurées ou recouvertes de fumier et de déchets : ces actions de protestation avaient surtout visé des députés du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national, les deux camps tombeurs du gouvernement Barnier. L’ex-président François Hollande, en avait fait les frais, voyant sa permanence murée à Tulle, comme celle du chef du groupe parlementaire socialiste, Boris Vallaud. A Dijon, la députée Catherine Hervieu (Les Ecologistes) avait, elle, été touchée par des jets de peinture. «On ne peut pas pousser les gens à bout et s’étonner de réactions qui vont au-delà de ce qui serait raisonnable. Et je demande que soit entendue la colère agricole depuis un an. […] Bien sûr qu’on a peur que ça dérape et on n’a jamais eu aussi peur», avait réagi Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.