Deux événements décrivent parfaitement la misère du dialogue social en France. Une grève impopulaire à la SNCF, enclenchée contre l’avis des syndicats et malgré des propositions de la direction, certes tardives, et un projet de réforme des retraites préparé par le gouvernement dans un monologue social obtus. Le dialogue social en France est moribond. Le dialogue social national du moins, puisque la vie quotidienne de nombre de salariés d’entreprises publiques et privées, est – on l’oublie souvent – régie par de multiples accords locaux entre syndicats et patronats. Mais s’agissant du dialogue national ou de quelques conflits chez des géants publics dont les activités ont un impact national (comme la SNCF), l’intermédiation syndicale est mise à mal par tant de décennies de jupiterisme étatique auquel répondait naturellement un front du refus syndical plus ou moins solide mais constant.
André Bergeron, dirigeant historique de Force ouvrière des années 70-80 avait inventé une formule qui dit tout du dialogue social français : «Il faut qu’il y ait du grain à moudre.» On accuse souvent les syndicat