«La destitution, c’est de la poudre aux yeux !» Arnaud Van Lancker, accordéoniste, figure lilloise et grande gueule assumée, vient de lancer le débat de ses troisièmes «Camanettes», et vole direct dans les plumes. En face, Aurélien Le Coq, le député LFI de la circonscription, serre les dents. Il est venu, il le sait, pour se faire engueuler. «Tu dis que ça ne passera pas, chacun ses calculs. Mais le RN a été élu en disant : “On déteste Macron.” Si cela échoue, ce sera parce que le RN aura protégé Macron», argumente-t-il. Au rez-de-chaussée du Tire-Laine, compagnie de musiciens installée dans le quartier populaire lillois de Moulins, une trentaine de personnes suit avec attention la joute verbale. «A quoi ça sert de pointer du doigt ce que tout le monde sait ?» demande un gars. «C’est sûr qu’à Moulins, personne ne va te dire que ce parti est antisystème. Mais dans le reste de la France, c’est autre chose», explique Aurélien Le Coq.
Les camanettes, en patois du Nord, ce sont des pipelettes, du genre à tirer la chaise dehors par beau temps, et à refaire le monde de leur quartier. Bien dans l’esprit du Tire-Laine, qui refuse de se produire à Hénin-Beaumont, ville tenue par le RN. Sur le mur, une affiche parmi d’autres, et un slogan, inscrit sur une portée : «Front