Sur une aire d’autoroute coincée entre Metz et Reims, Philippe affiche ses couleurs à l’arrière de sa voiture bleue. Le cheminot de la CGT à la retraite arbore un autocollant rouge de la centrale sur la vitre arrière. Il habite en Lorraine, mais ce lundi 27 février, il rejoint le Val-de-Marne pour s’occuper de ses petits enfants. D’emblée, il interroge : «Vous connaissez des gens qui n’ont pas au moins une bonne raison d’être remontés ?» Avant de poursuivre : «Vous avez vu l’état des transports en commun ? Ça ne marche jamais à Paris, et c’est pareil pour les trains en région. Comment ne pas devenir fou ?» Lunettes en équilibre incertain sur le bout du nez, Philippe évoque ses anciens collègues, ses enfants, ses amis, ses voisins. Tous fâchés. Le président de la République revient à intervalle régulier dans la discussion. Il tient le rôle du méchant dans le film.
Philippe est heureux de voir les syndicats (les gentils sur l’écran) main dans la main. Ça le rend optimiste. Il sera dans la rue mardi à Paris pour lutter contre la réforme des retraites ; partant, il espère que le mouvement se prolongera le lendemain et les jours suivants pour faire plier le gouvernement. «Une majorité de Français sont contre sa réforme, mais ils sont nombreux à se mettre en grève et à défiler pour une autre raison», dit-il durant sa pause. De fait, les revendications se mélangent dans les cortèges. Les médecins marchent pour sauver les hôpitaux en souffrance, les profs arpente