Entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe, les amabilités continuent. Dans son entretien au Point, le maire du Havre incrimine une fois de plus le chef de l’Etat : «La grande faiblesse que nous vivons en ce moment vient en partie de la campagne de 2022, au cours de laquelle le président de la République ne s’est pas engagé sur un programme clair.» L’intéressé le lui rend bien. En visite à Madagascar le 24 avril, Macron ironisait, «fasciné» par la stratégie de Philippe de ne révéler ses propositions «massives» pour réformer le pays qu’après les élections municipales de 2026 : «Il y a toujours des gens qui disent : “Vous allez voir ce que vous allez voir, quand je vais arriver, alors là, ça va chauffer.” Mais venez ! Mais vraiment, on n’a pas le temps d’attendre ! Pas de cynisme, pas de faux-semblant.»
L’inimitié n’empêche pas le réalisme. Des proches des deux hommes spéculent désormais sur un soutien concédé de guerre lasse par le Président. «Plus on va se rapprocher de mai 2027, plus l’idée d’être raccompagné par le représentant du RN sur le perron de l’Elysée risque de lui faire horreur, anticipe un député Horizons. A la fin des fins, on revient à l’essentiel.» Des proches d’Emmanuel Macron, comme l’ex-ministre Sabrina Agresti-Roubache, n’ont pas été dissuadés d’assister au meeting d’Horizons à Marseille, le 17 mai. Jusqu’ici, le mot d’ordre du chef de l’Etat à ses intimes était plutôt : «Les gens de chez moi, pas chez lui.» Plus qu’Edouard Philippe, c’est Gabriel Attal que l’Elysée a désormais dans le collimateur.
«Edouard Philippe a été loyal»
Tout est bon pour le punir d’avoir pris le parti Renaissance contre l’avis d’Emmanuel Macron et – pire – d’effacer peu à peu le chef de l’Etat de la communication du mouvement. «Si le Président devait choisir, il irait plus volontiers vers Edouard Philippe, qui a été loyal, a pris son indépendance, mais ne tape pas gratos sur lui», veut croire une grande élue Horizons. En quête de différenciation, le camp Philippe ne veut ni de guerre avec le Château, ni d’un soutien trop marqué. «Loyal mais libre», il ne se montre solidaire que de la période 2017-2020, quand il occupait Matignon. «Force est de constater qu’à partir de 2020, il n’était plus au gouvernement, et encore plus autonome à partir de 2022», insiste un proche du Havrais.