Menu
Libération
Scrutin

Election législative partielle en Isère : pourquoi la gauche part finalement unie

Le Nouveau Front populaire évite finalement la division dans cette circonscription grenobloise. Les socialistes ont fini par accepter la personnalité investie par La France insoumise, Lyes Louffok, après plusieurs épisodes, dont la possibilité, un temps envisagée, d’un parachutage de Lucie Castets.
Le militant des droits de l'enfant et essayiste français Lyes Louffok lors d'un rassemblement d'anciens enfants placés, à Paris, le 7 mai 2024. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 7 novembre 2024 à 15h47

La gauche s’évite finalement un énième mélodrame. Et une nouvelle guerre fratricide. Source de tensions entre socialistes et insoumis depuis plusieurs semaines déjà, la question de la future législative partielle de la 1re circonscription de l’Isère – provoquée par la démission de l’ex-député LFI Hugo Prevost, accusé de violences sexistes et sexuelles – est désormais réglée pour le Nouveau Front populaire. La candidate locale du PS, Amandine Germain, a annoncé mercredi 6 novembre se retirer de la course. Tout en regrettant que la «démarche d’ouverture et d’unité» qu’elle a tenté d’entreprendre en proposant à l’ensemble des composantes locales du NFP de se rencontrer pour tenter de convaincre qu’elle était la plus à même de remporter la circonscription, la conseillère départementale observe que «dans le contexte actuel, la gauche n’a aucune chance de gagner la circonscription si elle n’est pas unie». Amandine Germain soutiendra donc le candidat investi par la France insoumise, Lyes Louffok.

A vrai dire, une telle issue n’avait rien d’évident tant cette circonscription représentait un casus belli à gauche. A l’annonce de la démission d’Hugo Prevost, les insoumis ont estimé que le choix du candidat qui remplacerait leur ancien camarade leur revenait puisque la circonscription leur avait été attribuée durant l’accord du NFP signé en juin. Seulement, le PS, et notamment la fédération locale, ne l’entendait pas de cette oreille. Ces derniers n’ont cessé de marteler que seule une personnalité issue de leurs rangs pouvait permettre de conserver le territoire, rappelant que la victoire aux législatives avait été étriquée et que, aux européennes de juin, leur tête de liste Raphaël Glucksmann y était arrivée en tête. Amandine Germain est donc sortie du bois en annonçant sa candidature qu’elle voulait unitaire. L’élue locale se disait toutefois prête à se retirer au profit de Lucie Castets si la première ministrable du NFP décidait d’entrer dans la course. Après s’être dite prête à mener le combat, l’énarque a finalement renoncé devant le risque de défaite et l’intransigeance de LFI qui exigeait alors qu’elle siège dans leur groupe à l’Assemblée en cas de victoire. Inenvisageable pour celle qui représentait le trait d’union entre les quatre partis du NFP. Castets était plutôt partante pour changer de groupe tous les six mois.

Tensions PS-LFI

Après le refus d’obstacle de l’ancienne directrice financière de la mairie de Paris, LFI s’est donc lancé à la recherche d’un nouveau candidat estampillé par leur mouvement sans tenir compte de la candidature d’Amandine Germain. Une inflexibilité déplorée par la socialiste dans son annonce de retrait. «Je regrette la position de La France insoumise d’imposer un candidat sans écoute ni discussion préalable et locale, tout comme l’intransigeance et les méthodes de l’appareil politique LFI, qui m’inquiètent sérieusement pour l’avenir de l’union de la gauche», a-t-elle ainsi écrit. A l’inverse, le mouvement mélenchoniste n’a cessé d’accuser le PS de vouloir casser l’alliance en imposant une candidature dans un territoire qui leur était destiné.

C’est donc le jeune Lyes Louffok qui défendra le NFP dans cette 1re circonscription de l’Isère. A 30 ans, cet ancien enfant placé est une personnalité unanimement respectée pour son combat pour les droits de l’enfant. Un choix d’autant plus malin qu’il permet aux insoumis de s’assurer qu’aucune dissidence ne viendra se mettre au travers de la route de leur candidat. Ces derniers jours, plusieurs personnalités, y compris des élus qui ne portent pas LFI dans leur cœur comme Yannick Jadot ou Nicolas Mayer-Rossignol, estimaient auprès de Libé que Lyes Louffok «ferait un très bon député». Lui qui a échoué en juillet dernier à se faire élire dans le Val-de-Marne. Mercredi soir, le trentenaire a officialisé son entrée prochaine en campagne, expliquant qu’élu député, il agira pour «faire de l’enfance une priorité nationale» et qu’il «défendra le programme du Nouveau Front populaire». Pour intégrer l’Assemblée nationale, Louffok n’aura en tout cas pas à se défaire de l’ex-ministre macroniste Olivier Véran qui a annoncé mardi qu’il ne se présentait pas. A sa place, c’est son ancienne suppléante Camille Galliard-Minier qui défendra les couleurs du parti présidentiel.