Menu
Libération
Politique

«Election volée», «crise de régime», «union des droites»… Les principales réactions à l’arrivée de Michel Barnier à Matignon

Le gouvernement Attaldossier
Emmanuel Macron a nommé ce jeudi 5 septembre l’ancien ministre et commissaire européen de droite Michel Barnier comme nouveau chef du gouvernement après 60 jours de crise politique.
Michel Barnier, le 12 juin 2024 à Paris. (Sarah Meyssonnier/REUTERS)
publié le 5 septembre 2024 à 15h06

Michel Barnier, 73 ans, succède au plus jeune Premier ministre de la Ve République. Ce jeudi 5 septembre, Emmanuel Macron a nommé l’ancien ministre de droite et commissaire européen à Matignon. «Le Président s’est assuré que le Premier ministre et le gouvernement à venir réuniraient les conditions pour être les plus stables possibles et se donner les chances de rassembler le plus largement», fait savoir l’Elysée dans un communiqué.

Après 60 jours de crise politique depuis le second tour des élections législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale dépourvue de majorité, passage en revue des réactions au sein de la classe politique. Du côté de la gauche, qui voit sa candidate Lucie Castets officiellement balayée, la colère attendue gronde. Côté insoumis, on dénonce ainsi une «élection volée». «Le message a été nié», tempête leur leader, Jean-Luc Mélenchon, selon qui ce nouveau Premier ministre «porte le message d’une négation du peuple français». La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a fustigé un «coup de force inacceptable dans une démocratie» : «En nommant Michel Barnier, le Président refuse de respecter la souveraineté populaire et le choix issu des urnes.» Et d’appeler une nouvelle fois à la destitution d’Emmanuel Macron et à manifester le 7 septembre.

Le patron des socialistes, Olivier Faure, assure de son côté que la France entre «dans une crise de régime». «Le déni démocratique porté à son apogée : un Premier ministre issu du parti qui est arrivé en 4e position et qui n’a même pas participé au front républicain», a-t-il fustigé sur X. Plus tôt, le chef de file du PS avait rappelé que «dans toutes les démocraties du monde», «c’est la coalition arrivée en tête qui est appelée à former un gouvernement. Jamais le parti qui a perdu l’élection.»

Chez Les Ecologistes, Marine Tondelier considère que la crise politique des dernières semaines, censée prendre fin avec la nomination de Michel Barnier, est «déplorable sur le plan démocratique». «De qui se moque-t-on ?» s’interroge la secrétaire nationale des Verts dans une vidéo publiée sur X : «Tout ça pour ça…»

Le Parti communiste français, par la voix de son secrétaire national, Fabien Roussel, déplore quant à lui «le choix d’une union des droites». «En nommant Michel Barnier, ancien ministre de Nicolas Sarkozy et commissaire européen promoteur des dogmes néolibéraux, le président de la République fait le choix de la continuité dans les politiques mises en œuvre depuis sept ans», écrit-il dans un communiqué. Il assure que ce choix a été fait pour éviter une motion de censure immédiate à l’Assemblée nationale avec «la complicité du Rassemblement national» et indique que sa formation compte «utiliser tous les moyens à [sa] disposition pour combattre une politique qui tournerait le dos aux intérêts de la France, à commencer par la censure du gouvernement».

«Pas de chèque en blanc»

Le camp présidentiel s’est lui aussi exprimé quant à la nomination du nouveau locataire de Matignon ce jeudi, avec un élément de langage tout trouvé : «Le Parti socialiste n’ayant jamais voulu soutenir la candidature de Bernard Cazeneuve», Emmanuel Macron «fait donc le choix d’un Premier ministre de droite», note ainsi Renaissance. Le parti fondé par le président de la République assure que, de son côté, il n’y aura «pas de censure automatique» du gouvernement Barnier. La formation politique promet néanmoins qu’elle portera «des exigences sur le fond, sans chèque en blanc». Selon Renaissance, le chef de l’Etat a «rempli son rôle constitutionnel» en vue d’un «gouvernement stable».

Dans un message publié sur X – accompagné d’une courte vidéo – à la suite de l’annonce de l’arrivée de Michel Barnier rue de Varenne, le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a réagi succinctement : «En un mot : merci.» «Le lien que nous avons est ce que j’ai de plus précieux. Comptez sur moi pour continuer à le tisser», ajoute-t-il, assurant qu’occuper ce poste «a été l’honneur de sa vie». La passation de pouvoirs entre les deux hommes doit avoir lieu à 18 heures, d’après l’entourage de l’ancien locataire de Matignon.

A droite, Xavier Bertrand la joue fair-play minimal. Fortement pressenti pour Matignon jusqu’à mercredi soir, le président des Hauts-de-France a salué la nomination du nouveau Premier ministre, dans un message sur X, en mode service minimum. «J’adresse à Michel Barnier et à son gouvernement tous mes vœux de succès au service de la France et dans l’intérêt des Français face aux nombreux défis qui s’annoncent», a-t-il écrit.

Enfin, le RN se montre bienveillant – pour l’instant – à l’égard de Michel Barnier. Le parti d’extrême droite, qui a longtemps menacé de voter une censure immédiate contre tout nouveau Premier ministre ne venant pas de ses rangs, de Castets à Cazeneuve, en passant par Beaudet et Bertrand, a changé d’avis. Quelques minutes avant l’annonce de la nomination de Michel Barnier, la direction du parti de Marine Le Pen a finalement déclaré que ses députés «[attendront] la déclaration de politique générale, en étant attentifs au respect des électeurs du RN». Le Rassemblement national «jugera sur pièces son discours de politique générale», a abondé Jordan Bardella, le président du parti. La mansuétude de la formation d’extrême droite pourrait être de courte durée.