Dès les premiers samedis de manifestation des gilets jaunes, l’extrême droite a flairé l’aubaine : enfin un mouvement social non encadré par les syndicats et les partis de gauche, et il a éclos dans cette «France des oubliés» dont Marine Le Pen se veut l’avocate. Chaque parti a tenté de récupérer le mouvement, avec en général un succès mitigé. «Les gilets jaunes sont à l’image de cette France qui paye toujours la note», estime-t-on à l’époque au Rassemblement national. «Eux, c’est nous : ils expriment ce que je ne cesse d’exprimer», courtise de son côté Nicolas Dupont-Aignan, taulier de Debout la France (DLF). Le souverainiste croit alors avoir un léger avantage sur le RN : l’une des premières vidéos virales appelant à manifester contre la hausse des taxes sur les carburants a été faite par un certain Frank Buhler, adhérent de DLF, qu’il a rejoint en mai alors qu’il allait être exclu du RN pour cause de propos racistes.
Soutien à distance
Bien plus à droite, des groupuscules radicaux tentent très vite d’infiltrer le mouvement. Yvan Benedetti, ancien chef de la très pétainiste Œuvre française, est de la partie, comme les intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Des autocollants GUD (pour Groupe Union Défense, une organisation étudiante d’extrême droite violente) sont semés après les cortèges, des drapeau