La colère ne se voit pas dans les allées du marché fermier d’Agen, dans le Lot-et-Garonne. C’est un mercredi pluvieux d’avril, quelques dizaines de riverains déambulent sur le béton humide, prennent le temps de garnir leurs paniers d’asperges blanches et d’aillet. Des mines souriantes se saluent de loin, s’embrassent parfois, hument avec bonheur les effluves des premières fraises. La colère ne se voit pas, mais elle s’entend. Trois jours plus tôt, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle dans cette ville de 30 000 habitants, avec 26,24 % des voix.
Témoignages
Mais c’est une nuée brune qui a enveloppé la grande majorité du Lot-et-Garonne – département où Marine Le Pen est arrivée en tête – transformant Agen en un îlot urbain de résistance insoumise. Alors forcément, entre les étals des producteurs, on serre les dents par petits groupes. Nicolas, un quinqua comédien, souffle devant les bouteilles d’huile aromatisées de son ami Gil : «L’extrême droite avait beau être aux portes du pouvoir, la gauche est restée dans ses calculs d’appareil. Et maintenant, nous, on fait quoi ?»
Risques
Bernard et Danièle, du collectif «Agenais Insoumis, humain au cœur», disent aussi leur «déception». Cinq ans qu’ils arpentent la ville, en long en large et en travers, pour recueillir les préoccupations des gens du coin, expliquer la philosophie de leur mouvement et détailler ses propositions. «Les Agenais sont confrontés à des problèmes très concrets liés au pri