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Libération
2022, voyage au coeur de l'absention

A Bordeaux, au comptoir du Mandron: les politiques «m’ont mis encore plus en rogne»

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Présidentielle 2022, voyage au centre de l’abstentiondossier
Pendant la campagne présidentielle, «Libération» interroge des groupes de Français qui ont choisi de ne pas ou plus voter. Vont-ils utiliser leur carte d’électeur en avril ? Pas gagné pour ce patron de restaurant bordelais, qui tente «de ne pas couler» après la fermeture de son établissement, frappé par la crise sanitaire.
Jean-François, restaurateur de 47 ans au chômage, devant Pôle Emploi à Cenon, le 6 janvier : «J’ai trouvé un boulot dans le BTP, le temps de régler la situation au restaurant. Si elle s’arrange un jour.» (Rodolphe Escher/Libération)
par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux
publié le 25 février 2022 à 8h11

Accoudé au comptoir de son restaurant bordelais, baptisé Le Mandron, Jean-François balaye la pièce principale du regard. Il est 13 heures, les tables ne sont pas dressées. Personne ne s’active dans les cuisines. Aucun client ne s’attarde sur le menu affiché à l’entrée. Quelques mois plus tôt, le restaurateur a dû se résoudre à baisser le rideau. Après trois confinements et un important dégât au plafond, l’établissement, ouvert au printemps 2018, a désormais des airs de cantine fantôme. «Les fermetures liées à la crise, ça a été une première grosse gifle dans la gueule. On avait des aides, mais pas assez pour payer toutes les charges. Le télétravail n’a rien arrangé, on a perdu une grosse partie de notre clientèle le midi. Et au moment où on a cru relever la tête, le sort s’est acharné.»

Le 6 octobre, un ouvrier qui réalisait des travaux dans l’appartement du propriétaire du dessus passe à travers le plafond et finit sa chute sur une table à peine débarrassée. «Quelques minutes plus tôt, des clients payaient l’addition. On a au moins évité ce drame», raconte-t-il en pointant du doigt un trou béant dans la charpente. «L’artisan va