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Libération
2022, voyage au centre de l'abstention

A Cergy, avec les étudiants: «Je ne me vois pas voter, je joue encore aux Pokémons»

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Présidentielle 2022, voyage au centre de l’abstentiondossier
Pendant la campagne présidentielle, «Libération» interroge des groupes de Français qui ont choisi de ne pas ou plus voter. Vont-ils utiliser leur carte d’électeur en avril ? Dans le Val-d’Oise, les étudiants de CY Cergy Paris Université n’en sont pas tous convaincus.
Selon l’Insee, moins d’un électeur sur cinq de moins de 29 ans avait voté à tous les tours de la présidentielle et des législatives de 2017. (Cha Gonzalez/Libération)
par Olivier Monod et photo Cha Gonzalez
publié le 21 février 2022 à 10h04

«Merci de venir donner la parole aux déçus.» La silhouette élancée de Riad, 20 ans, s’engouffre dans le bâtiment de l’université de Cergy. Il est l’heure d’aller en cours pour cet étudiant en licence de droit. Le jeune homme fait partie des abstentionnistes – «le premier parti de France» – et il est en colère. Plus tôt, il confiait en avoir marre de «vivre dans une technocratie», des responsables politiques qui «font des promesses mais rien ne change». Le débit est rapide, le ton sans appel. Riad «ne votera jamais».

A côté de lui, Carla, 22 ans, renchérit en fumant sa clope. «Ils sont tous dans le système. Même les opposants, ils sont dans le système», dit-elle. «Ils sortent tous des mêmes écoles, du même milieu. J’aurai du mal à me faire représenter par quelqu’un qui n’a jamais connu de fin de mois difficiles», surenchérit Riad, tupperware en main contenant les restes de son déjeuner. Fort de ce constat, le jeune homme veut se spécialiser en droit des affaires pour «détourner les outils du système», défiscaliser ses revenus «pour ne pas leur donner plus d’argent, vu comme ils l’utilisent». De ce futur hypothétique pécule, Riad fera «des dons à des associations qui s’attaquent vraiment aux problèmes», mais il se paiera aussi «des vacances à Ibiza». Quand on ose un parallèle avec le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer,