«Merci de venir donner la parole aux déçus.» La silhouette élancée de Riad, 20 ans, s’engouffre dans le bâtiment de l’université de Cergy. Il est l’heure d’aller en cours pour cet étudiant en licence de droit. Le jeune homme fait partie des abstentionnistes – «le premier parti de France» – et il est en colère. Plus tôt, il confiait en avoir marre de «vivre dans une technocratie», des responsables politiques qui «font des promesses mais rien ne change». Le débit est rapide, le ton sans appel. Riad «ne votera jamais».
A côté de lui, Carla, 22 ans, renchérit en fumant sa clope. «Ils sont tous dans le système. Même les opposants, ils sont dans le système», dit-elle. «Ils sortent tous des mêmes écoles, du même milieu. J’aurai du mal à me faire représenter par quelqu’un qui n’a jamais connu de fin de mois difficiles», surenchérit Riad, tupperware en main contenant les restes de son déjeuner. Fort de ce constat, le jeune homme veut se spécialiser en droit des affaires pour «détourner les outils du système», défiscaliser ses revenus «pour ne pas leur donner plus d’argent, vu comme ils l’utilisent». De ce futur hypothétique pécule, Riad fera «des dons à des associations qui s’attaquent vraiment aux problèmes», mais il se paiera aussi «des vacances à Ibiza». Quand on ose un parallèle avec le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer,