C’est une vieille affaire qui ressurgit, remontant aux municipales de 2020. Selon BFMTV, une enquête préliminaire a été ouverte contre Martine Aubry pour des faits de corruption et de prise illégale d’intérêt. En cause, l’embauche le 16 mars 2020 de la championne de boxe Licia Boudersa à la ville de Lille sur un poste d’animatrice sportive. Le parquet de Lille refuse de confirmer l’ouverture de cette enquête préliminaire et précise à Libération qu’il «n’entend pas communiquer sur les plaintes dont il est destinataire». La députée macroniste Violette Spillebout, à l’origine du signalement auprès du parquet de Lille en 2021, dit avoir appris la suite donnée à sa démarche par la presse, se bornant à apprécier que la justice pénale la prenne au sérieux sans autre forme de commentaire. A la mairie de Lille, on affirme n’avoir «aucune inquiétude».
Vidéo de soutien
Au moment de l’embauche de Licia Boudersa, juste avant le premier tour des municipales, la championne publiait une vidéo de soutien à la maire, en campagne pour sa réélection. «Elle a beaucoup de projets pour le sport, pour les jeunes, et je crois en elle», dit-elle dans une vidéo de 34 secondes, diffusée par le site de campagne de la socialiste. Y a-t-il un lien de cause à effet ? C’est la conviction de Violette Spillebout, candidate La République en marche malheureuse à cette élection, aujourd’hui députée Renaissance du Nord.
Trois motifs rendent cette embauche suspecte à ses yeux : l’absence de publicité de l’offre d’emploi ; l’embauche de la sportive en catégorie B, «alors que ce genre de poste relève d’habitude de la catégorie C», détaille Violette Spillebout, ainsi que sa présence en Algérie pour un entraînement à la date de début de son contrat, «au moment où toutes les salles de sport fermaient» à cause du Covid. Elle avait aussi joint à son signalement un constat d’huissier, avec des échanges sur Messenger entre un membre de son entourage et la sportive. Celle-ci expliquait son refus de rejoindre la liste de Violette Spillebout en ces termes : «J’ai toujours dit que je serai avec la personne qui me trouvera un travail.»
Affaire deux fois classée
A la mairie de Lille, on affirme que personne n’est au courant de l’ouverture de l’enquête préliminaire. On rappelle surtout que l’affaire a déjà «été classée à deux reprises». D’abord, par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, le 3 décembre 2020. L’instance avait alors estimé que le motif de l’embauche, le remplacement d’une personne indisponible «n’est pas sérieusement contesté», et que «l’intéressée, conformément à une politique de soutien aux athlètes de haut niveau, avait déjà signé dix autres contrats de même nature avec la ville depuis 2011». Classée ensuite par le tribunal administratif de Lille, en mars 2021. Dans son arrêt, il explique : «L’influence prêtée à Mme B. au sein de certains quartiers lillois et le report de voix que son soutien à Mme A. aurait pu entraîner ne sont pas établis par les seules pièces produites par les protestataires.» La décision a été confirmée par le Conseil d’Etat, qui note que le message vidéo n’a été «consulté que par quelques centaines de personnes». Il estime donc que «le soutien litigieux que Mme B. a apporté à la liste Lille en commun, Lille en confiance ne peut, en tout état de cause, être regardé comme ayant été de nature à altérer la sincérité du scrutin».