A l’heure où chacun prend sa pause déjeuner ou rentre pour dîner, eux sillonnent la ville et enchaînent les courses, à vélo ou en scooter. Silhouettes à peine aperçues et déjà disparues, invisibles et pourtant omniprésentes, pressées, stressées. Pour les livreurs de repas, causer politique n’est franchement pas une priorité. Sauf peut-être quand ils se sentent écoutés.
Les trois livreurs à vélo que nous croisons à Montpellier, près de la place de la Comédie, se préparent avant l’avalanche de commandes qui se déclenche autour de midi. Tous exercent ce métier à temps plein, et depuis plusieurs années, faute de mieux. A priori, évoquer les futures présidentielles ne les excite guère. Pourtant, la discussion s’anime vite.
«En général, je vote blanc, annonce Thibault, 31 ans. Mais je n’ai pas voté lors des deux dernières élections, parce qu’une copine m’a dit qu’il fallait ramener son propre bulletin pour être comptabilisé, car sinon le vote blanc était considéré comme nul… J’ai trouvé ça antidémocratique. Alors pour moi, c’est fini, je ne joue plus.» De toute façon, Thibault affirme qu’aucun mouvement ne lui correspond, et qu’il n’a plus d’espoir dans la politique. Il juge les é