La radio se brouille à l’approche d’Oyonnax, sautant entre les fréquences captées depuis Lyon ou Genève. Un monde sépare ces métropoles, à une heure de route, de cette commune de 22 500 habitants du nord de l’Ain. Les sapins sur les hauteurs veillent une cohorte d’entrepôts, qui regroupe des centaines d’entreprises liées à la plasturgie. Oyonnax aligne trois sorties d’autoroute aux intitulés sans poésie : «Parc industriel nord», «Parc industriel ouest», «Parc industriel sud». Ambiance de confins à flancs de monts : l’A404 s’arrête là, à 500 mètres d’altitude, au pied du Jura. «Ici, 80% du travail se fait en 3x8», estime Sylvain, employé du Café de France, dans le coquet centre-ville piéton, désert en fin de matinée.
Pour causer politique, «là où vous êtes susceptibles de trouver le plus de monde, c’est aux supermarchés», conseille-t-il. Jadis communiste, la cité ouvrière devenue une «Plastics Vallée» de renommée européenne vote à droite toute depuis près de quarante ans et affiche des taux records d’abstention : 33,5% au second tour de l’élection présidentielle de 2017, 66% au second tour des législatives la même année, plus de 77% aux deux tours des régionales de 2021… Le député (Les Républicains) du coin s’appelle Damien Abad, proche de