Le soleil réchauffe la tribune du stade Charles-Mathon d’Oyonnax. Calés dans leurs sièges rouges et noirs, aux couleurs de l’équipe de rugby qui fait la fierté de la cité ouvrière de l’Ain, une vingtaine de supporters suivent l’entraînement des Oyomen sur la pelouse synthétique. Des inconditionnels qui manquent rarement les sessions publiques, pour jauger les gestes, refaire le dernier match. Elie, 79 ans, fidèle au club depuis une quarantaine d’années, se renfrogne quand on veut causer politique entre deux rucks. «Je ne sais pas trop, vu ceux qui se présentent, ça craint», lâche l’ancien ouvrier dans la lunetterie, qui a voté blanc aux deux tours de la dernière élection présidentielle. Il pourrait faire pareil dans deux mois. Se rendre à l’isoloir, «ah oui, c’est important», promet-il, mais trouver «quelqu’un qui [lui] plaît», c’est moins gagné.
A Oyonnax, au second tour du scrutin de 2017, le taux d’abstention a atteint 33,47%, plus de huit points au-dessus de la moyenne nationale, tandis que les votes blancs étaient un peu moins nombreux que dans le reste du pays (7,38% contre 8,52%). «Il y a longtemps», Elie a pu donner un bulletin «à la gauche, à la droite aussi». Il n’a jamais mis les pieds dans u