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Législatives

A Roubaix et Wattrelos, la candidate LREM craint la «bascule»

Dans la huitième circonscription du Nord, la députée macroniste sortante Catherine Osson s’agace de voir ses adversaires de la Nupes et de LR prendre la lumière médiatique. Pendant ce temps, le RN espère se qualifier au second tour comme en 2017.
Catherine Osson à l'Assemblée nationale, en janvier 2020. (Christophe Morin/IP3)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 10 juin 2022 à 7h07

Dans la huitième circonscription du Nord, celle de Roubaix et de Wattrelos, deux des neuf challengers de Catherine Osson, la députée sortante de la majorité, se disputent l’arène des plateaux télé et des réseaux sociaux. Ils sont des figures médiatiques nationales, et ils en jouent : d’un côté, David Guiraud, le candidat de la Nupes, orateur national de La France insoumise ; de l’autre, Amine Elbahi, investi par LR, connu pour avoir pourfendu l’islamisme à Roubaix dans l’émission Zone interdite. Ce qui ulcère Catherine Osson. Elle dénonce une campagne «très violente, pas du tout dans le débat, entre un parachuté venu faire son marché électoral sur le dos de la misère, et un LR depuis très longtemps en quête de notoriété». Le parachuté, c’est David Guiraud, qui vient de Seine-Saint-Denis, à qui ses adversaires reprochent son manque d’ancrage territorial. Il riposte : «Le côté “je viens du cru” n’est pas forcément positif pour les gens qui ne voient pas les choses changer.» Une allusion à la condamnation de Guillaume Delbar, maire divers droite de Roubaix, à six mois de prison avec sursis pour une histoire de défiscalisation frauduleuse via un microparti. Ce proche du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et candidat dans son fief de Tourcoing, a fait appel.

«Députée godillot de la politique de Macron»

LFI veut faire fructifier le beau score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle dans la circonscription, 52,5 % des voix à Roubaix, 28,5 % à Wattrelos. Catherine Osson, venue des rangs du PS, ce qui lui fait dire qu’elle est la «seule véritable candidate de gauche», a pour elle sa connaissance du terrain et de ses réseaux. Ancienne conseillère départementale, elle a pris en 2017 la succession à la députation de son ex-compagnon, l’indéboulonnable maire de Wattrelos Dominique Baert. Elle a été élue avec la vague macroniste, mais la situation est aujourd’hui bien plus délicate pour elle. «Quel intérêt d’avoir une députée godillot de la politique de Macron ? interroge Amine Elbahi. Sur la dernière mandature, elle a tout voté, à 98 %.» Le candidat LR sait qu’il a peu de chance de s’imposer, puisqu’il part avec un handicap, le score extrêmement bas de Valérie Pécresse à la présidentielle – moins de 2 % dans les deux villes de la circonscription.

David Guiraud se montre prudent, mais se voit bien placé. Il a deux inquiétudes : l’abstention, traditionnellement forte à Roubaix, ce qui pourrait le désavantager, et le vote Rassemblement national. Wattrelos a placé en tête Marine Le Pen aux deux tours de la présidentielle. En 2017, la candidate du Rassemblement national, Astrid Leplat, s’est qualifiée pour le second tour face à Catherine Osson, qui l’avait emporté avec 62,95 % des voix et une participation à 29,91 %. Cette année, le RN a investi Rachida Sahraoui, une ancienne UDI. Un changement de bord qui a surpris, et qu’elle justifie ainsi : au RN, explique-t-elle, «je ne suis pas l’Arabe de service, ils me demandent mon avis sur d’autres sujets que celui de l’immigration». Son thème de prédilection : le pouvoir d’achat. Elle compte bien réitérer la performance de 2017, «si Roubaix se réveille», précise-t-elle. A ses adversaires, qui lui reprochent un manque de présence, elle rétorque : «Ils appellent cela une campagne discrète, parce que je n’agresse pas les gens, et encore moins mes adversaires.»

«Je pense qu’on a rattrapé l’écart»

Le candidat LFI se rassure avec la progression du vote Mélenchon à Roubaix : «Il nous a manqué 500 voix en 2017 pour être au second tour, je pense qu’on a rattrapé l’écart», dit-il. Catherine Osson minimise : «Beaucoup de gens projettent les résultats de la présidentielle sur les législatives, ce n’est pas la même chose.» Et alerte son électorat : «Si la circonscription bascule à LFI, la ville de Roubaix suivra.»