La file est longue, devant l’épicerie solidaire du Secours populaire, à Roubaix, ce jeudi matin de mars. Et beaucoup vont s’abstenir à la présidentielle. Aux dernières régionales, au second tour, l’abstention roubaisienne s’élevait à 82,3% des inscrits. Dans une ville où la moitié des 99 000 habitants n’est même pas sur les listes électorales, par désintérêt, comme Florent, 20 ans («j’ai jamais pensé à m’inscrire»), ou à cause de leur nationalité étrangère.
2022, voyage au centre de l'abstention
«Voter, pour quoi faire ? questionne Cédric, 37 ans, qui travaille dans la téléphonie. Ils disent ce qu’ils disent tout le temps, et après ils font autrement, alors je n’écoute plus rien maintenant. Ce sont toujours les mêmes qui ont tout, et les ouvriers n’ont rien. Pourtant, c’est nous qui faisons vivre la France, ce n’est pas eux, on l’a bien vu pendant le Covid.» En ce moment, le prix du gasoil pèse lourd dans son budget, 200 euros par mois : «Mon entreprise a déménagé à une demi-heure de chez moi, mais mon patron ne veut rien faire», soupire-t-il. Pour boucler les fins de mois, le Secours populaire, avec les six litres de lait à 3 euros, ça aide bien. Sa femme, Marie-Noëlle, 35 ans, ne vote pas non plus, depuis quinze ans : «Pour voter blanc, ce n’est pas la peine de se déplacer», dit-elle. Une bénévole pose dans