Comme tous les mercredis, les associations du «conseil citoyen» d’Empalot, à Toulouse, installent un stand sur le petit marché du vieux quartier HLM en pleine rénovation urbaine en bord de Garonne. Entre les fruits et légumes, les vêtements et les babioles en plastique à mini-prix dignes d’un Tati ou d’un Gifi en plein air, deux thermos de thé à la menthe et de café permettent au passant frigorifié par le brouillard qui monte du fleuve en crue de se réchauffer gratuitement. Mostafa se tient pourtant à distance. Son gobelet de café, ce franco-marocain l’a payé à la machine du PMU (1 euro). Faute de véritable bar dans le quartier depuis la fermeture de l’ancien centre commercial voué à la démolition, le distributeur du marchand de tabac, journaux et jeux à gratter fait office de lieu de rendez-vous pour papoter.
Notre série
Malgré les clous de girofle que Mostafa mâchouille chaque matin pour se préserver du Covid, son breuvage a un goût amer. A 60 ans, ce fan déclaré de Jaurès et Robespierre qui s’affirme fièrement «socialiste» et «révolutionnaire» se voit comme «un éléphant» prêchant dans le désert. A Empalot, il est connu comme le loup blanc qui orne l’entrée de la station de métro pour son goût des discussions politiques. Une passion passablement incongrue, dans un quartier où près de 80 % des électeurs ont boudé les urnes lors des élections départementales et régionales de 2021. «Les jeunes qui sont nés en France ne sont même pas inscrits et les retraités disent