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Libération
2022, voyage au centre de l'abstention

A Toulouse, «ils voient que la gauche va crever et ne veulent pas se réveiller»

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Présidentielle 2022, voyage au centre de l’abstentiondossier
Pendant la campagne présidentielle, «Libération» interroge des Français qui ont choisi de ne pas ou plus voter. Vont-ils réutiliser leur carte d’électeur en avril ? Aujourd’hui, direction quartier Empalot, à Toulouse, où «les jeunes qui sont nés en France ne sont même pas inscrits et les retraités disent qu’ils ne veulent pas se mêler de politique».
Au marché d'Empalot, à Toulouse, le 12 janvier. Près de 80 % des électeurs du quartier ont boudé les urnes lors des élections départementales et régionales de 2021. (Matthieu Rondel/Hans Lucas pour Libération)
par Stéphane Thépot, correspondant à Toulouse et photos Matthieu Rondel. Hans Lucas
publié le 17 janvier 2022 à 8h00

Comme tous les mercredis, les associations du «conseil citoyen» d’Empalot, à Toulouse, installent un stand sur le petit marché du vieux quartier HLM en pleine rénovation urbaine en bord de Garonne. Entre les fruits et légumes, les vêtements et les babioles en plastique à mini-prix dignes d’un Tati ou d’un Gifi en plein air, deux thermos de thé à la menthe et de café permettent au passant frigorifié par le brouillard qui monte du fleuve en crue de se réchauffer gratuitement. Mostafa se tient pourtant à distance. Son gobelet de café, ce franco-marocain l’a payé à la machine du PMU (1 euro). Faute de véritable bar dans le quartier depuis la fermeture de l’ancien centre commercial voué à la démolition, le distributeur du marchand de tabac, journaux et jeux à gratter fait office de lieu de rendez-vous pour papoter.

Malgré les clous de girofle que Mostafa mâchouille chaque matin pour se préserver du Covid, son breuvage a un goût amer. A 60 ans, ce fan déclaré de Jaurès et Robespierre qui s’affirme fièrement «socialiste» et «révolutionnaire» se voit comme «un éléphant» prêchant dans le désert. A Empalot, il est connu comme le loup blanc qui orne l’entrée de la station de métro pour son goût des discussions politiques. Une passion passablement incongrue, dans un quartier où près de 80 % des électeurs ont boudé les urnes lors des élections départementales et régionales de 2021. «Les jeunes qui sont nés en France ne sont même pas inscrits et les retraités disent