La «génération Mitterrand» a les cheveux blancs, comme Jeanne, 78 ans. Ou plus de cheveux du tout, comme José, 70 ans. Ou Raoul, 64 ans, qui dissimule sa calvitie naissante sous une casquette. Une dizaine de retraités ont accepté d’évoquer, pour Libération, le prochain scrutin présidentiel dans l’arrière-salle de Générations solidaires qui fait office de foyer du troisième (voire du quatrième) âge, au rez-de-chaussée d’un immeuble HLM du quartier toulousain d’Empalot. Une petite heure de débat animé, entre petits gâteaux et café, avant l’heure du déjeuner préparé par l’association qui œuvre depuis 1989 à lutter contre l’exclusion et l’isolement des personnes âgées dans cet ancien quartier ouvrier en pleine rénovation. Jeanne, qui a installé sa trousse avec son stylo des Petits Frères des pauvres en bout de table, ouvre le bal en se déclarant «choquée» par les affiches aperçues dans le quartier pour inciter à «boycotter» les élections. «Voter, c’est la seule action qui nous reste», considère-t-elle.
Dans son fauteuil roulant, Nelly, 74 ans, approuve. Depuis qu’elle a déménagé dans un appartement adapté à son handicap, elle ne se rend plus en personne dans l’isoloir mais fait confiance à son fils pour voter à sa place. «On a les mêmes opinions», explique l’électrice par procuration. José, 70 ans, évite pour sa part de parler politique en famille. «C’est toujours un sujet de division», estime-t-il en pestant contre des candidats suspecté