Il fut un temps où tout était si simple. Le pouvoir essuyait un vote sanction aux élections locales, quelques ministres battaient leur coulpe devant les caméras sur le manque de pédagogie des réformes, manière polie de suggérer que les Français n’avaient rien compris, on remaniait éventuellement à la va-vite et la vie politique reprenait son cours jusqu’à la prochaine présidentielle. Mais voilà qu’un soir de juin 2021, 66,7 % d’abstentionnistes remplacèrent le vote sanction par le vote sans son. Un message si indéchiffrable que même à l’Elysée, où l’on aurait pu s’autoflageller sur la bérézina de La République en marche, un conseiller du Président ne risque pas d’être démenti en réduisant la désertion des électeurs à «un phénomène conjoncturel lié à la crise sanitaire ou aux régionales qui n’intéressent pas». Comme d’autres élus de la majorité interrogés par Libé, il n’a pas perçu de «colère» dans le vote des Français. La vérité, c’est que personne n’en sait rien, à commencer par les instituts de sondage qui ont échoué à prévoir l’ampleur de l’abstention, du reflux du Rassemblement national et de l’humiliation des macronistes. Privés de thermomètre pour comprendre ce qui
Récit
Abstention : les politiques au fond du flou
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Au Touquet (Pas-de-Calais), lors du premier tour des régionales. (Marc Chaumeil/Libération)
publié le 26 juin 2021 à 6h13
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