Menu
Libération
Billet

Arrêtons de parler de «dérapages» et «polémiques» pour évoquer le racisme de Jean-Marie Le Pen

Article réservé aux abonnés
En utilisant jusqu’à plus soif le champ lexical de la «sortie de route», les commentateurs politiques et médiatiques reprennent en fait le narratif de l’extrême droite et se condamnent à considérer comme non essentiel le racisme de la formation politique qu’il a fondée.
Jean-Marie Le Pen, à Nice le 21 février 2010. (Eric Gaillard/Reuters)
publié le 8 janvier 2025 à 17h23

Cinq ? dix ? quinze ? A partir de combien de «provocations» peut-on commencer à parler de racisme ? Combien de «polémiques» avant de considérer, peut-être, qu’il s’agissait du fond de sa pensée ? Au bout de combien de condamnations pour incitation à la haine raciale, propos homophobes ou antisémites, va-t-on arrêter enfin d’utiliser le mot «dérapage» ?

En quatre-vingt-seize ans d’existence, Jean-Marie Le Pen en aura empilé vingt-six en tout, dont six au seul titre du fameux «point de détail». Depuis son décès, mardi 7 janvier, à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), le bruit médiatique et politique use et abuse du champ lexical de l’embardée pour raconter la vie du fondateur du Front national. Des bandeaux de chaîne d’info en continu aux titres des journaux, et jusqu’au Premier ministre de la France, qui voit dans les «polémiques» «son arme préférée», les mêmes lieux communs s’étalent avec plus ou moins de bienveillance pour le défunt, plus ou moins de conscience de ce qu’ils disent véritablement, pour peu qu’on en fasse l’exégèse, des idées remuées par le rénovateur de l’extrême droite française pendant plus de soixante-dix a