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Libération
Reportage

Au QG de Muselier, vainqueur face au RN en Paca : «On a eu très peur»

Les militants ont fêté la large victoire du président LR sortant, que les sondages donnaient pourtant au coude à coude avec Thierry Mariani, le candidat du RN.
L'arrivée de Renaud Muselier dans son QG à Marseille ce dimanche, à l'annonce des résultats du second tour des régionales en Paca. (Patrick Gherdoussi/Libération)
par Samantha Rouchard, correspondance à Marseille
publié le 28 juin 2021 à 0h01

57% et des brouettes. Dans le QG marseillais de Renaud Muselier, au cœur du quartier d’affaire Euroméditerranée, à 20 heures c’est la liesse. La cinquantaine de militants et de colistiers agglutinés devant le grand écran, s’embrasse et se serre dans les bras. Si l’on crie sa joie encore masqués, le reste des gestes barrières est vite oublié. Les jeunes LR, fidèles au poste, comme au soir du premier tour sont épuisés mais heureux. «On a tracté, battu et combattu cette semaine», lance Tom 18 ans, costume trois-pièces bleu marine, dont il vient de tomber la cravate. «Je suis tout excité !» exulte Swann, 17 ans, responsable des jeunes LR des Hautes-Alpes descendu au QG marseillais pour savourer la victoire tant espérée du président LR sortant.

«Les gars, on a gagné, oh !»

20h30, le vainqueur de la soirée arrive à son QG entouré de ses colistiers pour faire un bout de chemin à pied et aller à la rencontre de la presse et des militants. Le visage fermé, Renaud Muselier brandit un poing vainqueur et une moue qui en dit long sur la bataille qu’il vient de mener. «Les gars, on a gagné, oh !» s’exclame haut et fort un de ses collaborateurs. Face caméra, le président de région se réjouit «d’avoir démenti les sondages et les pronostics» qui l’annonçaient derrière le candidat RN Thierry Mariani. Il remercie ses soutiens, Bernard Tapie, Nicolas Sarkozy, Yann Arthus Bertrand… mais surtout celles et ceux qui, «au-delà des différences et des appartenances idéologiques, politiques, sociales et religieuses», ont contribué à sa victoire. Ainsi que Jean-Laurent Félizia, le candidat écolo «qui a fait le choix de retirer sa liste». Et d’insister : «On nous prédisait un destin de cobaye, on montre que l’on a un destin de région libre !» S’ensuit un bain de foule et d’accolades au milieu de ses colistiers.

«On est vraiment soulagés de cette victoire», souffle Sylvie Viala, candidate vauclusienne, en robe bleu clair et chignon banane. «Chez nous, c’est le fief de Thierry Mariani et c’était au coude à coude. On a eu très peur», explique celle qui vit sa première élection. David Galtier, général d’armée qui a battu le candidat frontiste Stéphane Ravier aux dernières municipales dans les quartiers Nord de la ville, se réjouit que «la gauche ait joué le jeu du front républicain».

«On ne pouvait pas laisser la région Paca aux fachos !»

Le centriste Christophe Madrolle, candidat marseillais sur la liste Muselier dit avoir œuvré en faveur d’un rassemblement le plus large possible : «J’ai envoyé plus de 1 300 mails dans la semaine et plus de 1 200 textos dans la nuit pour que les copains de gauche aillent voter. On ne pouvait pas laisser la région Paca aux fachos !» Il l’assure : «Renaud Muselier est un homme de parole quand il dit qu’il laissera de la place à la gauche pour s’exprimer, il le fera.» L’Arlésien Cyril Juglaret est heureux lui aussi de la mobilisation dans les urnes et compte être à la hauteur de son mandat de conseiller régional reconduit : «Demain le soleil brille, et on se met au boulot !», sourit-il. Si, après le choc de la crise sanitaire, le défi économique pour la région est de taille, lui n’a aucun doute sur la capacité de Renaud Muselier à trouver les ressources : «Renaud nous l’a prouvé dans cette élection : il sait être un capitaine dans la tempête !»

22 heures, la jeunesse LR lance quelques fumigènes et des cris de joie. Elle compte bien faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Renaud Muselier, lui, lâche enfin la pression et sourit avant de quitter son QG. Il faudra être en forme demain.