Un lundi soir qui se vit comme un lendemain de victoire. Le collectif «Taubira pour 2022» organise une réunion en visioconférence pour revenir sur le succès de leur candidate préférée lors de la Primaire populaire. Ils sont heureux. Ils racontent leur nuit courte. Certaines voix sont cassées. On s’est fait une petite place parmi eux. Le maître de cérémonie prévient les présents − environ 200 têtes derrière les écrans − à plusieurs reprises : «Il faudra bien penser à couper les micros lorsque Mme Taubira sera parmi nous.» C’est la nouvelle de la soirée. La candidate à la présidentielle est attendue. Une certaine excitation. Son visage apparaît. Tous les micros s’allument. Un grand brouhaha et des «bravo Mme Taubira» à foison. La Guyanaise fait des signes avec sa main. Elle sourit. Elle envoie des baisers. Un monde de bisounours. Une bulle dans ce monde de brutes.
Cette histoire d’amour est née à l’envers. Le collectif fait campagne depuis de longs mois. La Guyanaise regardait tout ça de très loin. Elle était à Cayenne. «On m’envoyait des photos, je voyais des pancartes à mon nom dans les manifestations alors que je n’avais rien demandé», disait-elle récemment. Les militants ont créé plusieurs groupes sur les réseaux sociaux. Les plus motivés se sont pointés à chacun de ses déplacements pour convaincre leur championne de se lancer dans la course présidentielle. Une course-poursuite gagnée. Ils ont tous une date gravée dans leur petit cœur : le 17