«Vous mettez à la tête de l’Etat des hommes accusés de viols, pourquoi ?» La question posée la semaine dernière à Emmanuel Macron par Laura, lycéenne de Gaillac, est devenue un symbole sur les réseaux sociaux. Et sur la place publique. Elle a été posée ce mercredi midi à la Première ministre Elisabeth Borne, en déplacement à Villers-Bocage (Calvados), par une autre femme.
«Ça vous fait quoi de travailler avec des gens accusés de violences sexuelles ?», demande-t-elle à la Première ministre qui, pour toute réponse, incite les femmes à «déposer plainte pour la justice puisse faire son travail». Relancée par son interlocutrice, lui demandant si «ça ne [la] dérange pas qu’un homme utilise sa stature de pouvoir pour avoir des faveurs», faisant ainsi référence à la plainte pour harcèlement sexuel et abus de confiance contre Gérald Darmanin, blanchi depuis, Elisabeth Borne répond qu’elle n’est «pas juge».
A Villers-Bocage, une femme lui repose presque mot pour mot la question que Laura avait posé au président dans le Tarn. « Ça vous fait quoi de travailler avec des gens accusés de violences sexuelles ? »👇🏼@LCI @TF1Info pic.twitter.com/RWT4fwvd6p
— Sehla Bougriou (@SehlaBougriou) June 15, 2022
Le ministre des Solidarités, Damien Abad, déjà mis en cause pour violences sexuelles, est visé par de nouvelles accusations de la part d’une femme qui dit avoir subi une tentative de viol en 2010, selon son récit publié mardi par Mediapart.
«Je ne peux pas me prononcer sur la base de témoignages anonymes»
«C’est essentiel que sur ces sujets, la parole des femmes […] soit entendue. Vous comprenez bien que je ne peux pas me prononcer sur la base de témoignages anonymes», a plus tard déclaré Elisabeth Borne à la presse sur le marché de Villers-Bocage, dans la 6e circonscription du Calvados, où elle fait campagne pour les législatives.
«En tant que Première ministre, je le dis aussi en tant que femme, il faut permettre à la justice d’établir les faits. Il ne faut pas hésiter à aller porter plainte. […] Je ne suis pas un juge et les enquêtes ne se font pas avec des témoignages anonymes. Tout est fait pour […] accueillir au mieux les femmes pour qu’elles puissent déposer plainte et que la justice puisse établir des faits», a-t-elle ajouté.
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Dans le témoignage recueilli par Mediapart, «Laëtitia» (prénom d’emprunt), une «élue centriste», accuse Damien Abad d’avoir tenté de la violer lors d’une fête organisée chez lui, à Paris, au premier semestre 2010. Sans évoquer explicitement une plainte, son avocate, Me Raphaële Bialkiewicz, a indiqué à Mediapart qu’elle procédait «à la récolte et aux recoupements d’éléments, en vue d’y apporter toutes les suites utiles».
Ces accusations surviennent après celles publiées par le média en ligne le 20 mai, au lendemain de la nomination de Damien Abad comme ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées : deux femmes, citées par Mediapart, accusaient le nouveau ministre de les avoir violées en 2010 et 2011.