L’histoire des relations entre le Rassemblement national et la droite plus ou moins classique ressemble à un éternel recommencement. Le même schéma se répète inlassablement : une figure venue du bon côté du cordon sanitaire se met à parler comme un Le Pen, espérant ainsi lui chaparder des électeurs ; le ou la Le Pen de service hurle à l’insincérité, à l’impuissance avant d’édicter que, de toute façon, l’original sera toujours préféré à la copie ; l’aventurier finit par être débarqué par son N + 1 ou perd des élections et laisse sa place à un nouvel aventurier. En bout de course, le RN augmente presque toujours son score et voit son propos légitimé.
En place depuis le mois de septembre, l’extrêmement droitier ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’engage donc sur un sentier déjà bien battu. Mais à la différence de nombre de ses prédécesseurs, le Vendéen passé par les jupons de Philippe de Villiers a presque toujours adopté une rhétorique proche de celle des Le Pen. «Créer une société multiculturelle […] sera forcément créer une société multiconflictuelle», disait-il dès 1997, en écho à la formule coutumière de Jean-Marie Le Pen, alors président du Front national. A peine nommé à Beauvau, vingt-sept ans plus tard, le même dresse sur LCI une équation entre «société multiculturelle» et «société multiraciste», variante lepéniste du même tonneau. Cette constance dans le positionnement, moins opportuniste que ceux d’un Gabriel Attal ou d’un Gérald Darmanin