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Analyse

Campagne de Marine Le Pen: un ripolinage pas à pas et sur le dos des journalistes

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Election Présidentielle 2022dossier
Souci porté aux rubricards, attaque au moindre article critique, sympathie surjouée lors des interventions en public… La candidate d’extrême droite s’est créée une image plus lisse sur le terrain médiatique passant par un martelage de la presse.
Marine Le Pen en déplacement à Armentières, mi-mars. (Denis Allard/Libération)
publié le 7 avril 2022 à 13h25

Dans cette campagne présidentielle, Marine Le Pen a atteint un niveau de banalisation allant bien au-delà de celui de 2017. A force de lisser son image, avançant pas à pas, la candidate du Rassemblement national a évolué sous les radars, inaperçue, la plupart des médias regardant ailleurs, vers le bruyant Eric Zemmour par exemple. L’héritière du FN est désormais donnée, dans plusieurs sondages, entre 46 et 48 % au second tour face à Emmanuel Macron. Dans la marge d’erreur. Aux portes du pouvoir. Le Pen a passé sa campagne à jouer l’évitement, pas seulement avec les journalistes qu’elle n’apprécie pas, et donné l’impression d’être insaisissable, ne montrant à voir que ses meilleurs traits, sans pour autant toucher aux fondamentaux de l’extrême droite française.

Illustration : en février, lors d’un meeting à Reims, alors qu’elle venait de hurler sur scène quelque chose sur «le sanctuaire des serments des rois sacrés de France à servir leur peuple», avec en fond sonore une petite musique entraînante, Le Pen est sortie de derrière son pupitre et est allée vers ses militants pour se «livrer». «Maintenant je vais prendre quelques minutes pour vous parler de moi», dit-elle, la voix doucereuse. «Du plus loin que les souvenirs me portent…» Puis elle réduit son père, Jean-Marie Le Pen – celui