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Débat LR

Congrès LR, un ultime débat avant le temps du vote

Election Présidentielle 2022dossier
Les candidats à l’investiture de LR ont échangé mardi soir sur France 2 leurs derniers arguments avant le début du scrutin interne à leur parti. 140 000 adhérents sont appelés à départager Eric Ciotti, Michel Barnier, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Philippe Juvin.
Paris, le 30 novembre 2021. Dernier débat télévisé des candidats à la primaire LR (Les Républicains) pour l'élection présidentielle 2022, entre Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Michel Barnier, Philippe Juvin et Éric Ciotti. (Denis Allard/Libération)
publié le 30 novembre 2021 à 23h49

C’était l’heure des dernières cartouches. L’ultime débat des candidats à la primaire de droite, mardi soir sur France 2, n’a pas bouleversé les équilibres de la compétition. Mais il a permis l’expression de plusieurs différends techniques entre les concurrents. Avant l’ouverture du vote, mercredi matin, il a surtout innové en consacrant une large place à des sujets sous-traités lors des précédentes oppositions. La santé, les institutions, l’économie et l’écologie ont été à l’honneur sur le service public, immigration et sécurité étant, pour une fois, traités en fin de débat.

Au début de l’émission, chaque candidat a été invité à commenter une photo de son choix. Xavier Bertrand a choisi une image à double détente : celle des cinq concurrents rassemblés sous la grande croix de Lorraine de Colombey-les-deux-Eglises, le 9 novembre dernier. De quoi symboliser «le rassemblement des Français, mais aussi le rassemblement de cette équipe, a interprété le président des Hauts-de-France. Nous avons des différences, mais nous nous respectons». Comme lors des précédents débats, les candidats s’en sont tenus à cette ligne, ne poussant jamais la critique aux niveaux atteints lors de la primaire de 2016, marquée par de venimeux échanges entre les concurrents d’alors.

Xavier Bertrand attaqué sur sa «prime au travail»

Ces différends, cependant, ont trouvé davantage d’espace que lors des précédents débats. Ils ont surtout visé davantage de têtes, quand Michel Barnier avait été, jusqu’ici, la première cible des attaques. Xavier Bertrand a ainsi dû défendre son idée d’une «prime au travail», un complément de salaire versé par l’Etat aux travailleurs à bas revenus. «On ne va pas distribuer des primes, de l’argent public pour payer les salaires du secteur privé», a objecté Barnier. «Ce n’est pas à l’Etat de fixer ou de verser un salaire», l’a suivi Eric Ciotti.

Un autre échange a vu Michel Barnier contester, sur le fond et la forme, la réforme de l’Etat défendue par Valérie Pécresse. La présidente d’Ile-de-France reproche à l’ancien négociateur du Brexit d’«esquiver» tout engagement précis sur le sujet. Elle se fait fort, quant à elle, de supprimer 200 000 postes de fonctionnaires, et de charger un «comité de la hache» de réduire drastiquement les codes publics. «On ne peut pas faire la réforme de l’Etat sans les fonctionnaires ou contre eux», s’est offusqué Michel Barnier. «Derrière […] la hache et le rabot de Valérie Pécresse, il y a des hommes et des femmes qui méritent d’être respectés».

«En termes de courage, je n’ai aucune leçon à recevoir»

Plus offensif que lors des précédents débats, où il n’avait pas brillé, Barnier a critiqué un autre projet de Valérie Pécresse, la suppression des cotisations vieillesse pour les salaires allant jusqu’à 2,2 smic. Il a invoqué une mesure similaire voulue par François Hollande et retoquée par le Conseil constitutionnel au nom du principe d’égalité. «Soit tu le fais pour tout le monde, soit tu ne peux pas le faire», a lancé Barnier à sa concurrente.

Aucun des candidats, en fin de compte, n’a franchement dominé le débat, même si le maire de la Garenne-Colombes, Philippe Juvin, a souvent été le plus vif. Il a marqué son désaccord avec Xavier Bertrand, qui souhaite réduire de moitié les entrées d’étudiants étrangers en France : lui voit chez ceux-ci un facteur de rayonnement national. «En termes de courage, je n’ai aucune leçon à recevoir, je suis allé dans des pays où d’autres ne sont pas allés», a aussi rétorqué Juvin, engagé en 2008 comme médecin en Afghanistan, au radical Eric Ciotti – exonéré de service militaire. Il y avait peut-être, dans ces échanges, de quoi convaincre les derniers indécis parmi les militants LR. Ils seront, demain dès 8 heures, environ 140 000 à pouvoir voter électroniquement.