Jean-Marie Le Pen se prétendait «socialement de gauche, économiquement de droite et nationalement de France», ce qui voulait surtout dire qu’il était politiquement d’extrême droite. Quelques décennies plus tard, le Rassemblement national (RN) ne se définit pas autrement mais, avec 125 députés, des collaborateurs mieux formés et une batterie de conseillers occultes, parfois bien insérés dans les milieux patronaux, le mouvement entend désormais jouer les partis de gouvernement. Et, alors que ses cadres riaient de la prétention des Républicains (LR) à présenter des contre-budgets, impossibles à réaliser sérieusement sans le concours des services de Bercy, les voilà désormais qui dévoilent un projet chiffré truffé de tableaux et d’estimations précises de recettes et de dépenses.
«C’est un budget de rupture avec cinquante années de déficit systématique», a vanté, ce mercredi 16 octobre à l’Assemblée, le député de la Somme Jean-Philippe Tanguy, qui présentait les propositions frontistes en l’absence de Marine Le Pen, sommée de s’expliquer le même jour au tribunal correctionnel de Paris sur de possibles détournements de fonds