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Libération
Extrême droite

Crise politique : le RN constant dans sa demande de dissolution

La formation d’extrême droite compte désormais censurer a priori tout nouveau Premier ministre afin de pousser Emmanuel Macron à décréter un retour aux urnes.

Marine Le Pen à Paris, lundi 6 octobre. (Thomas Samson/AFP)
Publié le 06/10/2025 à 13h05, mis à jour le 06/10/2025 à 20h45

Cette fois, il n’y a plus de suspens. Réunis à l’Assemblée à 17 heures, les députés du Rassemblement national (RN) et de l’Union des droites pour la République (UDR) ont acté, à l’unanimité le principe d’une censure a priori de tout nouveau gouvernement. Y compris celui qui pourrait sortir des «ultimes négociations» dont Emmanuel Macron a chargé lundi soir le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu. «On en a marre du cirque», lâche Andréa Kotarac, conseiller de Marine Le Pen, à la sortie de la réunion. «La mascarade, le vaudeville ont assez duré», renchérit Eric Ciotti quelques minutes plus tard. Au même moment, une vidéo de la leader d’extrême droite enregistrée dans l’après-midi, laissait le président de la République devant une alternative simple : «La dissolution ou la démission.»

C’est peu dire que les élus du RN ne s’attendaient pas à voir la cadence accélérer aussi vite. L’annonce du nouveau gouvernement, dimanche soir, les a certes laissés bouche bée... Tout en ne leur laissant guère d’autre choix que de baisser le pouce. «Le choix de ce gouvernement à l’identique, assaisonné de l’homme qui a mis la France en faillite [Bruno Le Maire, nommé aux Armées, ndlr] est pathétique», réagissait sur X Marine Le Pen tandis que son conseiller spécial et beau-frère, Philippe Olivier, sous-titrait : «Pas d’autre voie que la censure !» La plupart des parlementaires étaient convoqués le lendemain pour en discuter à l’Assemblée, après une première réunion au siège du parti en fin de matinée, en présence de Jordan Bardella.

Fustiger le retour de Le Maire

Mais de censure du gouvernement, il n’a même pas été question. A peine le président du RN a-t-il eu le temps de se dire «consterné» par «une forme de continuité dans la débâcle», et de fustiger particulièrement le retour de Bruno Le Maire, «l’homme qui a menti sur la situation de nos finances publiques», que Sébastien Lecornu annonçait sa démission.

Quand Marine Le Pen débarque, une petite heure plus tard, porte de Saint-Cloud, elle laisse peu de doute sur son intention de laisser sa chance à un hypothétique prochain Premier ministre. «La seule décision sage est de revenir aux urnes. On est au bout de la blague, là, la farce a assez duré», lance-t-elle, en mettant la pression au président de la République : «Est-ce qu’il peut continuer à résister à la dissolution ? Je l’appelle à dissoudre l’Assemblée nationale car nous sommes au bout du chemin, il n’y a pas de solution et il n’y en aura plus demain.»

Le retour de «l’UMPS»

Et Le Pen, qui a toujours répété son intention de n’accepter une éventuelle cohabitation avec Emmanuel Macron que dans le cas où sa formation recueillerait la majorité absolue des sièges, de tenter dès maintenant de saper un éventuel front républicain et fustigeant le retour de «l’UMPS» : «LR souhaite plus de postes de ministres, le PS souhaite plus de postes de ministres, donc voilà deux formations politiques qui se décrédibilisent totalement.» Elle-même compte faire valoir le sacrifice qu’elle consent en appelant à un retour aux urnes qui l’exclurait de fait de l’Assemblée nationale, puisque frappée d’inéligibilité en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires du FN, la cheffe de file des députés frontistes ne pourrait se représenter.