Il est 16 h 30, une cinquantaine de personnes, un bouquet de caméras de télé et une escouade de CRS font le pied de grue devant un gymnase de Charvieu-Chavagneux. C’est dans cette ville de 10 000 habitants du Nord-Isère, à une demi-heure de Lyon, qu’Eric Zemmour a fait ce 5 novembre sa première visite en Auvergne Rhône-Alpes. Son maire divers droite Gérard Dezempte, connu pour ses diatribes contre les étrangers et l’islam, réélu pour la septième fois en 2020 avec le soutien du Rassemblement national, a accueilli à bras ouverts l’éditorialiste d’extrême-droite. Comme Zemmour, mais quelques décennies plus tôt, Dezempte a été condamné pour provocation à la haine raciale.
«Zemmour est en train d’appuyer là où ça fait vraiment très mal»
Sur le trottoir face au gymnase, trois minots d’une dizaine d’années lorgnent la petite foule. Ils savent qui est Zemmour, «celui qui veut changer les prénoms», dit l’un d’eux : «Moi, je m’appelle Abderrahmane, je devrais changer, c’est pas bien.» Ali, 66 ans, s’est aussi arrêté en curieux. Ce bagagiste à la retraite n’a «rien contre le bonhomme, quelqu’un de très intellectuel», mais redoute «sa politique qui nous touche, nous, vraiment». Nous ? «Les immigrés, mais vous savez, je suis arrivé à 14 ans, je me considère vraiment français, mes enfants et mes petits-enfants sont nés ici. Pour eux, le Maroc