Par quel bout prendre Dominique Venner, l’une des figures les plus sulfureuses de l’extrême droite radicale du dernier demi-siècle ? L’homme, auquel Renaud Dély consacre une biographie, l’Assiégé (JC Lattès), a connu bien des vies. Celle du militant bien décidé à renverser la République par tous les moyens, sauf légaux ; de l’historien profus, auteurs de dizaines d’ouvrages sur les armes, l’identité européenne, la collaboration ou les corps francs allemands du lendemain de la Première Guerre mondiale ; de l’idéologue, inspirateur de la Nouvelle Droite, ce courant de pensée racialiste, hostile au libéralisme et au métissage, appelé à renouveler le corpus idéologique de l’extrême droite à partir de la fin des années 60 ; ou encore celle du jeune volontaire parti se battre en défense des «Européens d’Algérie», c’est-à-dire, dans son esprit, de la race blanche, assiégée par ceux qu’il n’a eu de cesse de voir comme des ennemis, inférieurs sur le plan de la civilisation mais supérieurs en nombre et prêts à déferler sur l’Europe.
Dély choisit de commencer par la fin : le suicide en 2013 de Dominique Venner, alors âgé de 78 ans, en plein cœur de Notre-Dame,