Les élections européennes ont révélé une carte de France submergée de brun : de la Bretagne à Aix-en-Provence en passant par Châteauroux, le Rassemblement national a progressé dans nombre de nouveaux territoires. Vote anti-Macron, sentiment d’insécurité, envie de «tester autre chose»… A travers une série de reportages, Libération explore les raisons d’une telle poussée de l’extrême droite.
8 heures du matin à peine mardi 11 juin, et déjà, les prochaines élections législatives sont sur les lèvres d’un petit groupe attablé à la terrasse d’un café du centre-ville de Marmande, dans le Lot-et-Garonne. «La conversation a vite tourné court quand le Rassemblement national a été évoqué. Personne n’avait envie de s’engueuler», rapporte une serveuse, qui s’est brièvement assise aux côtés de ses habitués. Dans cette ville du Sud-Ouest d’environ 17 000 habitants, le sujet est électrique : malgré l’élection d’un maire socialiste en 2020, le parti xénophobe et eurosceptique