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Dans le Morbihan, le RN croit au rêve armoricain

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Autrefois réfractaire au vote frontiste, la Bretagne a vu plusieurs villages, comme Radenac, placer l’extrême droite en tête aux derniers scrutins. Avec un programme ciblant les «oubliés» ruraux, le Rassemblement national s’implante dans une région réputée pour sa modération.
A Radenac, dans le Morbihan, en avril. (Fabrice Picard/Vu pour Libération)
publié le 9 mai 2021 à 20h25

Longtemps, Radenac s’est «tapé l’affiche», raille Cassandra, une jeune habitante. Dès les années 90, cette commune de 1 000 âmes au cœur de la campagne morbihannaise enregistrait des votes Front national étonnamment hauts pour une région réputée réfractaire en la matière. Mais l’exception, due à un lobbying local, s’est banalisée : ces dernières années, des régionales aux européennes, nombre de villages alentour ont placé l’extrême droite en tête. Peu à peu, le Rassemblement national (RN) a fait son trou en Bretagne, perçant d’abord en son cœur, dans ces campagnes traditionnellement acquises à la droite conservatrice, tournées vers l’élevage conventionnel et l’agroalimentaire.

La région natale de la famille Le Pen, longtemps préservée, se laisse séduire à son tour : aux dernières régionales, le RN a triplé son score (18,87 % contre 6,18 % en 2010) et envoyé douze élus à Rennes. Preuve de l’intérêt du parti pour la Bretagne : Marine Le Pen y a consacré son deuxième déplacement de campagne, jeudi. «La Bretagne n’est plus une terre de mission, mais n’est pas devenue une terre de prédilection : elle continue de se singulariser par un sous-vote frontiste», relativise le politologue Thomas Frinault, qui pointe «des contrastes territoriaux très forts». «A Rennes, le vote RN est parmi les plus f