Menu
Libération
Guéguerre

Dans le Nord, la mort du cerf Eole, les chasseurs, les écolos et le Rassemblement national

Article réservé aux abonnés
Malgré les consignes visant à l’épargner, la mort du vieux cervidé en décembre provoque des remous dans la forêt de Mormal. Entre préservation de la faune et développement des bois, ONF, associations et élus d’extrême droite s’écharpent dans des alliances déboussolantes.
Le cerf Eole a été tué à l'âge de 17 ans en décembre. A Locquignol, le 5 avril 2024. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
publié le 16 avril 2024 à 11h02

Le 13 décembre 2023, Eole est tombé d’une balle tirée par un chasseur. Il avait presque 17 ans, ce qui est un bel âge pour un cerf, c’était même le doyen des hôtes de la forêt de Mormal. Ce massif de neuf mille hectares adossé à la Belgique, planté en majorité de chênes centenaires et de hêtres, est aussi la dernière forêt de l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais à abriter une population de cervidés. Il y avait longtemps qu’Eole avait perdu la fleur de l’âge. Ses cors ne repoussaient plus larges et majestueux comme avant, il ne lui en revenait que des souvenirs sur le crâne, chaque année moins symétriques et plus chétifs, presque sans andouillers de massacre, ces bois fichés sur le front qui permettent d’embrocher les concurrents mâles. Ses dents rabotées par les ans l’empêchaient de bien se nourrir. Il vieillissait, quoi.

Il était devenu ce qu’on appelle un ravalant, un spécimen rare puisque les chasseurs ont l’habitude de tuer les bêtes à l’âge où leur ramure peut encore servir de trophée. Celle d’Eole n’intéressait plus personne et un collectif de photographes animaliers avait obtenu de l’Office national des forêts (ONF) et des associations cynégétiques d’épargner la bête lors des plans de chasse, un peu comme un vieux gladi