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Dans le Nord-Pas-de-Calais, la vague RN a déferlé

Sauf dans la métropole lilloise, le parti lepéniste écrase la concurrence dans l’ancienne région nordiste, devenue de longue date l’un de ses fiefs.
Soirée électorale du Rassemblement national à Hénin-Beaumont, dimanche 30 juin. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas pour Libération)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 30 juin 2024 à 23h40

Dans le Nord-Pas-de-Calais, la vague en faveur du RN est énorme. Marine Le Pen, comme attendu, est réélue au premier tour dans sa circonscription d’Hénin-Beaumont, avec 58,04 % des voix. Mais elle n’est pas la seule députée RN dans ce cas : un symbole, dans le Nord, Guillaume Florquin bat Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste dans son fief de Saint-Amand. «La colère a gagné, même si elle n’est pas toujours bonne conseillère», a réagi ce dernier.

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, est en tête dans la 10e circonscription, celle qui compte une partie de Tourcoing, dont il a été le maire, avec 36,03 % mais le RN le talonne, avec 34,31 %, le Nouveau Front populaire étant à 24,83 %. Une triangulaire se profile, sauf désistement de la gauche. Il appelle tous les électeurs «à se rapprocher de [lui], pour faire barrage au Rassemblement national». A noter, sur la partie tourquennoise de sa circonscription, il n’arrive qu’en troisième position, après Leslie Mortreux (NFP), et Bastien Verbrugghe (RN).

Au-delà des têtes d’affiche, le Pas-de-Calais confirme son penchant pour le Rassemblement national. Il élit six députés RN dès le premier tour. Un exemple de cette poussée de l’extrême droite : dans la circonscription de Desvres, l’ancienne ministre de la Santé Brigitte Bourguigon, qui avait perdu sa circonscription pour 56 voix en 2022, est cette fois-ci battue à plate couture, avec 26,56 % des voix, par Christine Engrand, 50,70 %.

La métropole de Lille, seule consolation à gauche

Dans le reste du département, le RN arrive en première position partout, et met en difficulté les députés sortants, qu’ils soient Renaissance, comme Philippe Fait à Berck, LR comme Pierre-Henri Dumont à Calais, ou socialiste, comme Bertrand Petit à Saint-Omer. Même à Arras, la ministre déléguée à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, n’arrive que deuxième (21,54 %) , derrière le RN (37,31 %). Elle a dû faire face à une dissidence de droite, qui n’avait pas apprécié son parachutage.

Le Rassemblement national est en hausse partout. Fabien Roussel en est la victime la plus visible, mais Benjamin Saint-Huile (Liot), ancien secrétaire fédéral du PS, est battu dès le premier tour dans la circonscription de Maubeuge par le RN, alors que Renaissance n’avait mis aucun candidat en face de lui. Le département envoie six députés du Rassemblement national dès ce soir, dont Sébastien Chenu, le porte-parole du parti, 58,35 % des voix à Denain.

Dans ce paysage, la métropole de Lille est une exception où la gauche se console. Les députés Insoumis tiennent le choc. Ugo Bernalicis est largement en tête dès le premier tour avec 47,31 %, idem pour David Guiraud à Roubaix avec 48,5 % des suffrages. Dans la première circonscription, celle d’Adrien Quatennens, qui s’est retiré de la course après sa condamnation pour violences conjugales, Amy Bah, féministe et ancienne attachée parlementaire de Garrido, n’arrive pas à devancer Aurélien Le Coq, le candidat officiel du Nouveau front populaire (44,2 %). Satisfaction pour le Parti socialiste, Roger Vicot, député sortant, sort devant, avec 38,5 % des voix dans sa circonscription de Lomme.

La majorité présidentielle est bousculée dans des circonscriptions traditionnellement de droite, où des triangulaires sont possibles, comme dans la 10e circonscription de Gérald Darmanin. La plus tendue reste la 4e circonscription, celle de Lambersart : Brigitte Liso (Renaissance), 31,5 % des voix, est dans un mouchoir de poche avec Charlotte Brun (PS), 29,6 %, une proche d’Aubry, et Anne Morand (RN), 26 %. Dans les 6e et 7e circonscriptions, les députées sortantes Charlotte Parmentier-Lecocq (Renaissance) et Félicie Gérard (Horizons) arrivent en tête, devant le Nouveau front populaire et le RN également qualifiés pour le deuxième tard. Pareil pour Violette Spillebout (Renaissance), 34,01 %. Elle est arrivée première dans une circonscription normalement tranquille, devant la candidate du Nouveau Front populaire, Odile Vidal-Sagnier (31,12 %), mais avec un RN en embuscade à 20,67 %.

Dès leur publication par le ministère de l’intérieur dans la soirée, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du premier tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.