Politique frictions
Jusqu’à la veille du premier tour des élections législatives, «Libé» sillonne des lieux de la vie quotidienne pour saisir et raconter ces moments de discussion impromptue où, soudain, la politique fait irruption.
Ça chambre d’emblée, ambiance vestiaire : «Mais comment t’es habillé, tu vas à l’école comme ça ? Avec Bardella au pouvoir, c’est fini tout ça !» se moque Sylvain. Jérôme, 50 ans, en bermuda baskets, est venu directement de l’école où il enseigne, un établissement REP+ du nord de Marseille. Sylvain, 51 ans, est prof lui aussi, mais dans un lycée privé d’un arrondissement plutôt privilégié, en vacances donc pour cause de bac. Kader leur fait signe sur le trottoir d’en face. Enseignant lui aussi, il rentre des calanques où il a passé la journée avec ses élèves d’un lycée professionnel en zone sensible. Direction le Glam Rock, un pub du centre-ville marseillais déjà blindé à 18 heures, mardi 25 juin. Plusieurs écrans géants sont de sortie : ce soir, l’équipe de France affronte la Pologne pour l’Euro de football.
«Lundi au lycée, j’avais l’impression que tout le monde avait pris un coup sur la marmite»
Pour ce trio, de septembre à mai et d’ordinaire le mardi, c’est soirée entraînement de handball au gymnase : ces copains de toujours ont constitué une équipe de vétérans, histoire d’entretenir le corps et l’amitié. Politiquement, dans le groupe majoritairement composé de quinquas ou plus, ça vote pas mal au centre droit ou gauche, voire à droite. Les trois enseignants, eux, voteront sans hésiter pour le Nouveau Front populaire dimanche 30 juin, au pr